Promotions et provocation
Ces scènes d’émeutes dans les magasins Intermarché ont fait le tour des chaînes de télévision françaises et internationales. Du Nutella à 1,41 € le pot de 950 g au lieu de 4,70 € (soit -70 %) du 25 au 27 janvier, en quantités limitées… Voilà ce qui a attiré des consommateurs à faible pouvoir d’achat en masse. Un spectacle désolant laissant de surcroît un sentiment de malaise à quelques jours de la présentation du projet de loi qui vise notamment à encadrer les promotions. « Cette promotion a été décidée de manière unilatérale par l’enseigne Intermarché », a rapidement réagi Ferrero France, déplorant « cette opération et ses conséquences qui créent confusion et déception dans l’esprit des consommateurs ». Concerné aussi par l’opération « les quatre semaines les moins chères de France » de l’enseigne, Richard Girardot, PDG de Nestlé France, s’étonnait peu avant de ces offres promotionnelles à 70 % de réduction immédiate, « bien loin des engagements de retour à la raison pris par les enseignes vis-à-vis des plus hautes autorités de l’État ». La grande distribution, Intermarché dans ce cas, n’est pas à une provocation près pour braver les pouvoirs publics à la veille d’un nouveau débat parlementaire sur les relations commerciales. A posteriori, on se rend compte que l’enseigne annonçait la couleur sur Twitter dès le 10 novembre, déclarant : « l’usage extravagant de la promotion doit cesser […], cependant, nous voulons aussi être libres de proposer des prix justes pour nos consommateurs […] Afin que les agriculteurs ne servent pas de variable d’ajustement, il faut nous laisser compenser les hausses de certains produits par des baisses sur d’autres produits où le monde agricole n’intervient pas ». En gros, laissez-nous faire la guerre des prix sur des produits plus transformés. E.Leclerc, Intermarché, Casino (et ses 1+1 gratuit) mais aussi Carrefour – dont le PDG, Alexandre Bompard, vient d’affirmer qu’il allait « repenser le rôle du prix, de la promotion et de la fidélité » et « investir » – n’ont pas l’intention de baisser les armes. Bien au contraire, les couteaux sont tirés.