Promotion collective : vives tensions dans l’AOC Ossau-Iraty
« Lactalis attaque la promotion collective », affirme haut et fort la Confédération paysanne du Pays Basque (ELB) dans l’hebdomadaire Laborari du 16 décembre.
Selon le syndicat, le groupe Lactalis -qui détient la fromagerie Pyrenefrom, premier producteur de l’AOC- a déclaré vouloir se retirer du financement de la promotion collective. Selon la Confédération paysanne, deux raisons ont été avancées pour motiver cette décision : l’interdiction dans le cadre du décret « fromage » de l’utilisation de la natamycine (anti-fongique), de l’acétate de polyvinyl (enrobage) et de divers colorants à partir du 1er septembre 2008 (« à croire que Lactalis ne sait pas fabriquer de fromage sans ça», sic) et le fait que le groupe envisage de faire sa propre campagne de promotion télé Iztarra.
Après avoir contacté l’industriel et le syndicat de défense de l’AOC, il s’avère que le problème est un tout petit plus compliqué que ce cela. Suite à la parution du décret fromage, comme nombre d’AOC, l’Ossau-Iraty est actuellement en cours de révision de son décret.
Lactalis ne veut pas de clash
Le dossier a été étudié par le comité national des produits laitiers de l’Inao le 19 novembre dernier et devrait être adopté le 24 mars prochain. Or ce texte interdit l’utilisation de l’anti-fongique natamycine, à partir du 1er septembre 2008. Et c’est là que le bât blesse. Selon Lactalis, il est impossible de produire l’Ossau-Iraty pour le débouché libre-service sans ce produit, la croûte se dégradant beaucoup trop vite. Or Lactalis qui produit quelque 2 000 tonnes sur les 3 000 de l’AOC, commercialise 60 % de sa production en libre-service.
Si le texte est adopté en mars dans sa version actuelle, l’industriel ne pourra donc plus faire d’AOC en LS, mais seulement en découpe.
Dans cette perspective, Lactalis envisage de se retirer de la promotion collective à hauteur de la diminution de sa production en AOC. Ce que conteste aujourd’hui la Confédération paysanne. Le syndicat ELB évoque carrément la fin de la participation du principal financeur industriel (50 % de la part de transformateurs) à la promotion collective télévisée de l’Ossau-Iraty. Ce qui « sonnerait le glas du fonctionnement interprofessionnel de la filière ». La campagne collective a permis de sortir l’AOC de la crise de surproduction qu’elle rencontrait en 1991. En 13 ans, le tonnage d’Ossau-Iraty a été multiplié par 2,5, rappelle ELB. Mais, Lactalis ne s’est pas encore retiré de la promotion collective et affirme ne pas vouloir de « clash ».