Producteurs européens de tomates, unissez-vous !
Coutumiers de chamailleries entre eux, les producteurs européens de tomates faillent à leur règle, puisqu’ils se sont donné rendez-vous mercredi pour s’entendre sur leur plan d’action.
Destinée « à faire strictement appliquer les lois européennes à l’avenir» cette réunion était l’occasion pour les principales organisations nationales présentes d’évoquer les importations en provenance des pays tiers, notamment du Maroc et de la Turquie, marquées par le dysfonctionnement du respect des quotas et du paiement des taxes.
Selon les producteurs européens, de nombreuses importations passeraient à travers les mailles des contrôles des douanes, entraînant l’accroissement des écarts de compétitivité. Pierre Diot, président de la section nationale tomate, a ainsi déclaré mercredi que les représentants présents (Hollandais, Belges, Espagnols, Anglais, Polonais, Français) « ont finalisé un accord visant à appuyer une plainte déposée à Bruxelles par les producteurs espagnols. Environ 30 000 tonnes de tomates marocaines ont échappé aux paiements des taxes. Le système de contrôle actuel est une vraie passoire, il faut faire quelque chose », a-t-il ajouté, citant également l’exemple d’une arrivée massive de tomates turques à Rungis en septembre. « Les camions ont patiemment attendu devant les douanes le seul jour du mois où il était possible d’être dédouané sans payer de taxes». L’envahissement de tomates meilleur marché que les françaises contribue à plomber la campagne, marquée par des prix très bas. Dans son OP, M. Diot a ainsi constaté un prix payé moyen emballé de 0,80 euro/kg pour la tomate grappe, alors que le prix de revient avoisine 1 euro. Idem pour la tomate ronde, payée 0,70 le kg.
De 175 000 à 220 000 tonnes d’ici 2007
Devant la difficulté de la situation, les producteurs réclament une amélioration des contrôles. « Même Bruxelles a découvert les réalités du système et ses limites», expliquait Jean-Claude Le Gall, président de Saveol. Aux manquements dans les contrôles s’ajoute également la cacophonie de chiffres fournis par les différentes sources. Sur la campagne 2003-2004, le Maroc avance un chiffre de 157 774 tonnes exportées en Europe, tandis qu’Eurostaf avance le chiffre de 149 307 t, contredit par les 176 501 t des douanes. De quoi y perdre son latin et son calme, devant la progression annoncée des importations (l’accord UE-Maroc prévoit le passage du quota de base de 175 000 à 220 000 tonnes d’ici 2007). « En 2004 on a touché le fond. Il faut fondamentalement faire évoluer les choses sur ces importations. D’autant plus que la production des pays européens est excédentaire pour assurer notre approvisionnement », a expliqué M. Diot. À ce jour, la plainte formulée par les Espagnols est en cours d’instruction. Mais les producteurs européens ne comptent pas se borner à ce seul problème, puisqu’ils envisagent d’aborder d’autres sujets aux cours de leurs assemblées, dont la prochaine se tiendra le 16 février. L’heure sera alors à l’harmonisation phytosanitaire, et à un point sur la traçabilité. Finalement, on en oublierait presque les conflits intra-européens sur la tomate.