Producteurs et IAA prêts au bras de fer
De l'Ania à la Fnsea en passant par l'Ilec, la CGI, la CGPME, Coop de France et la Feef, l'ensemble du monde agroalimentaire se serre les coudes. L'objectif est de réintroduire le principe des contreparties en échange de la négociabilité des tarifs réclamée par la grande distribution. Toutes ces organisations contestent en commun la version actuelle du projet de loi de modernisation de l'économie (LME), et ont signé hier une pétition en ce sens qui va être adressé au président de la République et aux parlementaires. Si le texte de la LME n'est pas amendé au cours du débat parlementaire, les différents représentants de la filière sont prêts « à mettre en place des mesures fortes. Nous sommes décidés à manifester avec l'ensemble des industriels de l'agroalimentaire et des agriculteurs devant l'Assemblée Nationale » a prévenu Jean René Buisson, président de l'Ania, en fixant la date d'une telle démonstration de force entre le 30 avril et la fin de discussion du texte. « Nous voulons une loi amendée et un retour au socle de négociations (établi il y a quelques semaines, ndlr) ». Ainsi, dans le cadre des discussions autour de la LME, distributeurs et industriels avaient trouvé une disposition commune. Ces derniers avaient accepté le principe de la discrimination tarifaire et disposaient d'un contrepoids avec la justification des ristournes et réductions, formalisées par un document. Mais cet équilibre ne figure plus dans le texte qui va être étudié lors du prochain Conseil des ministres, ce qui provoque la colère de la filière, agacée par l'influence des distributeurs sur l'Elysée.
Les IAA souffrent déjà
Sans contreparties, l'amont estime « donner les clés de [ses] entreprises à la grande distribution », qui aura tout le loisir d'imposer ses prix d'achat. Plutôt qu'une nouvelle réforme du commerce, les industriels demandent de laisser le temps à la loi Chatel de faire ses preuves. Remise en cause deux mois seulement après son entrée en vigueur, elle « permet de baisser les prix de 20 à 30%, contrairement à ce que le gouvernement dit » assène Jean-René Buisson. « Le dispositif autorise les distributeurs à effectuer une telle réduction, s'ils le veulent ». Le front commun estime d'une part que la LME ne sera pas synonyme de baisse des prix en GMS, et anticipent d'autre part un impact négatif sur l'emploi. L'absence de contrepartie des ristournes dans le texte final fait craindre à l'ANIA de nombreuses défaillances dans le secteur, alors que le nombre de faillites d'IAA a augmenté de 20% en un an. Pour que la pression redescende, Jean Michel Lemétayer a indiqué que l'ajout « d'une simple phrase » au texte de loi serait suffisant.