Principe de précaution
C’est un de ces messages qui circule sur les boîtes email pour égayer la vie des internautes. Vous l’avez peut-être reçu : il rencontre un franc succès auprès de ceux qui ont vécu une enfance heureuse à une époque où, pourtant, le principe de précaution ne s’appliquait pas. L’auteur s’étonne, un peu amusé, d’avoir survécu à des temps aussi incertains. En ce temps-là, « les voitures n’avaient pas de ceintures de sécurité, pas d’appui tête et bien sûr pas d’airbags», rappelle le farceur. « Sur la banquette, c’était rigolo, et pas ‘dangereux’. Les barreaux des lits et les jouets étaient vernis avec des peintures contenant du plomb ou d’autres produits toxiques. Il n’y avait pas de sécurité enfant sur les prises électriques, portières de voitures, médicaments et autres produits chimiques ménagers. On pouvait faire du vélo sans casque, boire de l’eau au tuyau d’arrosage, à une fontaine ou à n’importe quelle autre source, sans que ce soit de l’eau minérale sortie d’une bouteille stérile. On avait des écorchures, des fractures et parfois même on se brisait les dents, mais personne n’était mis en accusation pour ça. On jouait au foot avec un seul but et si l’un d’entre nous n’était pas sélectionné, par de traumatisme psychologique, c’était pas la fin du monde ! etc. » « Mais comment avant nous pu survivre ? » s’interroge l’auteur, se faisant ainsi le porte-parole d’une génération comme prise de vertige par le monde aseptisé qu’elle a contribué à créer. De cellules psychologiques en périmètres de surveillance, de « messages nutritionnels » politiquement corrects en interdiction de boire ou de fumer, le principe de précaution a encore beaucoup de ressources.