Pratiques déloyales, Bruxelles s’en mêle
Bonne nouvelle. Dans leur lutte contre certaines pratiques de la distribution, industriels de l’agroalimentaire et agriculteurs français disposent désormais d’un allié de poids : la Commission européenne. « Une chaîne a la solidité de son maillon le plus faible : pour être efficace et efficiente, la chaîne d’approvisionnement alimentaire doit aussi être équitable », a déclaré le 12 avril Phil Hogan, lors de la présentation d’une directive visant à bannir certaines pratiques commerciales déloyales. « Cette initiative a pour but de renforcer la position des producteurs et des PME dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire. […] Nous cherchons à neutraliser le “facteur de peur” au sein de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, grâce à une procédure de plainte confidentielle », a poursuivi le commissaire européen à l’Agriculture. Une déclaration qui tombe à pic alors que le projet de loi sur l’équilibre dans les relations commerciales est actuellement examiné par les députés français. Certes, le lobby de la distribution ne compte pas se laisser faire. EuroCommerce, association européenne des distributeurs européens (comptant notamment parmi ses membres Auchan, Carrefour et Lidl), a ainsi déclaré par la voix de son directeur général que la Commission n’avait « produit aucune preuve d’un problème structurel ou de l’utilité d’une législation européenne pour le résoudre ». Pour autant, la filière agroalimentaire pourra faire valoir des arguments partagés par la Commission européenne, comme le fait que la majorité des citoyens de l’Union européenne sont favorables à un renforcement du rôle des agriculteurs dans la chaîne alimentaire (enquête Eurobaromètre) ou encore qu’« il n’y a aucune raison que la législation de l’Union entraîne une augmentation des prix pour les consommateurs ». Quoique ce dernier point risque d’être toujours contesté, dans le cadre de la loi française, par les associations de consommateurs elles-mêmes, jugeant sa mesure de relèvement du seuil de revente à perte potentiellement inflationniste.