Pouvoir d’achat : la RHF paie l’addition
Le premier semestre 2008 « n’a pas été brillant du tout » pour le marché de la restauration, commente Bernard Boutboul, directeur du cabinet Gira Sic Conseil, spécialiste de la consommation alimentaire hors domicile. Après plusieurs années de forte croissance, et une année 2007 affichant +3,17 % en volume et +5,22 % en valeur sur le marché, les six premiers mois de l’année se sont soldés par un recul de 2 % à 4 % des ventes sur l’ensemble du territoire. Selon les données du Gira, le nombre de repas servis serait quant à lui en recul de 5% à 15 %. « Cette régression est liée aux réattributions de priorité de dépenses des ménages. Dans un budget, la sortie au restaurant c’est là où on coupe en priorité », analyse Bernard Boutboul. Et à la veille des vacances, cet arbitrage s’est fait particulièrement sentir. « En juin, nous relevons un recul de -10 à -30 % en valeur, de manière assez uniforme sur la France », révèle le Gira. Une tendance qui ne s’est pas inversée en juillet et en août.
Le milieu de gamme souffre le plus
Dans le détail, la désaffection des consommateurs ne touche pas de la même manière tous les types de restaurants. Dans un contexte économique difficile, la restauration rapide tire son épingle du jeu. « Mais au lieu des croissances vertigineuses des dernières années, ce créneau ne voit plus ses ventes croître que de 2 à 4 % », souligne Bernard Boutboul. Même constat pour la restauration haut de gamme qui se porte plutôt bien avec un ralentissement de croissance. En revanche pour les restaurants milieu de gamme, la situation s’avère beaucoup plus délicate. Sur les segments compris entre 25 et 35 euros de ticket moyen, le Gira constate un double phénomène : « le midi en semaine est stable en couverts avec une dépense qui chute, tandis que le soir la fréquentation chute avec un ticket moyen qui grimpe ». Au contexte économique, le cabinet cite d’autres facteurs pouvant affecter la consommation comme : l’interdiction de fumer dans les lieux publics depuis le début de l’année, la répression sur l’alcoolémie ou encore la communication autour de la lutte contre l’obésité.
Mais Bernard Boutboul veut rester optimiste : «cet arbitrage des ménages ne peut être que momentané : le taux de retour à domicile le midi s'effondre, on sait de moins en moins cuisiner et les restaurateurs n'ont pas abusé sur les prix depuis mi-2006». Même si le marché repart dans les prochains mois, cet épisode de début 2008 pourrait marquer les esprits sur le marché de la restauration. Et peut-être décourager les fonds d'investissement qui y ont fait leur entrée fin 2005. «Les fonds ne sont pas habitués à cette fragilité. Ils n'enregistrent pas les résultats escomptés», souligne le spécialiste du secteur. Le groupe Flo (détenu en majorité par Albert Frère) vient récemment de revoir son plan d'investissement à la baisse pour fin 2008, début 2009, après avoir annoncé un résultat net semestriel en recul de 42%. Selon une information parue fin août sur le site CFnews, Colony Capital et Eurazeo auraient pour leur part déjà choisi de revendre Buffalo Grill.