Pouvoir d’achat
Les courses de la rentrée 2008 constitueront un indice intéressant de l’état des finances des Français. Car toutes les filières alimentaires le notent : la tendance générale est à l’élimination des dépenses superflues. Les consommateurs arbitrent à la baisse dans les magasins mais aussi à la table des restaurants. La chaîne de restauration Flo, qui a publié ses résultats cette semaine (LM du 19 août), a observé depuis le début de l’année une « rupture de consommation » qui s’est même « dégradée» sur le deuxième trimestre. Les difficultés des Français à joindre les deux bouts se traduisent par la banalisation de comportements d’achat « experts ». Selon une récente enquête menée par l’AFP, supermarchés et marques constatent l’émergence d’une catégorie de pros des offres commerciales : premier achat remboursé, satisfait ou remboursé. Elles permettraient à certaines ménagères d’économiser des centaines d’euros en traquant systématiquement les ODR (offres de remboursement). Le phénomène a ouvert la voie à une sorte d’économie parallèle sur internet, avec l’apparition de sites spécialisés aux noms évocateurs comme « radins.com » qui recensent les offres avec l’adresse du supermarché qui les propose. A lui seul, radins.com compterait 800 000 abonnés, selon Laurent Abéguilé, créateur du site produits-gratuits.com. En apparence absurde, le système fonctionne malgré tout et ne fait l’objet d’aucun contestation. Car le distributeur est ravi de voir les produits à offre spéciale tourner très rapidement et il en recommande volontiers. Quant à la grande marque, elle y perd peut-être un peu d’argent d’un côté, mais elle y gagne en fidélisation des clients et en occupation du rayon de l’autre. Selon une autre enquête menée par l’AFP cet été, le phénomène a atteint une sorte de point de non-retour au Japon, où les marques distribuent des brassées de nouveaux produits à tester, dans l’espoir de créer un phénomène de bouche à oreille sur le Net. Le problème évidemment, c’est que ce genre de promotions, il n’y a guère que les (très) grandes marques qui peuvent se les offrir. Les PME, elles, doivent le plus souvent croiser les doigts en espérant que les consommateurs acceptent de payer le prix réel de leurs produits.