Porc : soleil côté prix, orage côté équarrissage
« Les producteurs de porc paieront leur part de l'équarrissage si l'Etat supporte le reste.» Tel est le message que Jacques Lemaître, président de la FNP, souhaitait adresser vendredi à Dominique Bussereau, lors d'une entrevue rue de Varennes avec les présidents des fédérations d'éleveurs et des interprofessions. La FNP demande à l'Etat de financer l'équarrissage jusqu'à la limite autorisée par Bruxelles. Sur un coût de 31,5 M EURpour la collecte et l'élimination des animaux trouvés morts à la ferme, cela représente 27,5 M. Les éleveurs acceptent de payer le reste, soit 4 M. Cette répartition sortirait la filière de l'impasse. Mercredi, le SNCP a bloqué le budget 2005 de l'interprofession porcine. Pour Jacques Lemaître, le syndicat des abatteurs-découpeurs « prend en otage» Inaporc pour régler le problème de l'équarrissage.
Mis à part ce dossier, les éleveurs porcins reprennent de l'air. Le cadran affiche un prix de 1,25 euro par kilo, soit 40 centimes de mieux qu'il y a un an. Plusieurs raisons sont avancées. Une baisse de la production est intervenue en France et dans l'Union européenne. Dans le même temps, les exportations progressent. « Les échanges à l'intérieur de l'UE sont en hausse et la France y participe», souligne Jacques Lemaître. Même tendance vers les pays tiers. En 2004, les exportations françaises atteignent 12 600 t sur la Roumanie (contre 7 000 t en 2003), 15 000 t sur la Russie (contre 10 000 t). Les volumes expédiés vers l'Asie sont pratiquement multipliés par deux, avec 15 000 t sur la Corée du Sud et 14 000 t sur le Japon, retrouvant ainsi leur niveau d'avant embargo.
« L'embellie des cours ne doit pas nous endormir, déclare-t-il. Il faut poursuivre les efforts de modernisation de la filière.» La FNP réclame des aides pour les éleveurs en difficultés, le plan de cessation annoncé début 2004 étant contesté par Bruxelles. Une réactivation du Fonds d'allègement des charges est demandée, ainsi que la création d'un fonds de garantie, sur le modèle du crédit-bail en industrie, et d'un fonds de gestion de crise, alimenté par la modulation des aides européennes. Par ailleurs, les éleveurs demandent une simplification administrative, avec une clarification des rôles entre CDOA et CDH.