Porc : l'export vers la Russie ne tient plus qu'à un fil
Les nouveaux certificats pour l'exportation de viande vers la Russie causent décidément du fil à retordre. Lundi au Conseil de l'UE, Paris a jugé « incompréhensibles » les conditions imposées par les Russes au porc français. Moscou exige en effet que chaque carcasse soit testée pour la trichinellose, une maladie totalement éradiquée dans l'Hexagone.
La route de Saint Petersbourg est d'ores et déjà coupée. Six containers de demi carcasses y sont restés bloqués. Un arrangement a pu être trouvé, à condition que toute la marchandise soit analysée. Le porc est parti à la transformation au lieu du marché du frais, occasionnant un gros manque à gagner.
Pot-de-vin
Les livraisons vers Moscou restent possibles. Elles représentent en temps normal près de 90 % des flux. « Le seul désagrément est de devoir verser un pot-de-vin de 200 euros par camion », signale Natacha Timofeva, du Syndicat national du commerce du porc (SNCP). Mais, les opérateurs ont une épée de Damoclès sur la tête. Les frontières peuvent se fermer à tout moment. « Un accord verbal a été obtenu avec les Russes, précise-t-elle . Les services sanitaires français n'indiquent plus rien concernant les tests de la trichinellose. A Rungis, le vétérinaire russe ferme les yeux. »
Les certificats sanitaires prévoient deux cas de figures. Le point 4.5.1. spécifie que chaque carcasse a été analysée et le point 4.5.2. suppose un contrôle par sondage. La France est le seul Etat membre à ne plus rayer aucune des deux mentions. « Depuis 20 ans, pas une seule larve de trichine n'a été détectée dans la viande de porc produite sur le territoire national, justifie Natacha Timofeva. De plus, la marchandise exportée est congelée à -18 ° pendant plus de 15 jours. Aucune larve ne résiste à une telle température.»
Le problème est que la législation russe impose de tester toutes les carcasses à la trichinellose. Chaque année, la maladie fait de nombreuses victimes dans le pays. Or, Moscou a été averti par Bruxelles que le taux d'analyse en France représente seulement 10 %, contre 100 % en Allemagne ou au Danemark.
Le marché russe constitue notre principal débouché hors UE, avec 40 000 t exportées en 2004. D'après le SNCP, sa fermeture entraînerait une perte de valorisation de 30 centimes d'euro par kilo sur les abats.