Porc : les producteurs du Gers manifestent
« Nous avons voulu mettre l’accent sur les problèmes de la filière porcine du Sud-Ouest et notamment des éleveurs qui ont vraiment l’impression d’être laissés pour compte, explique Eric Ancellin, président de la fédération régionale porcine de Midi-Pyrénées Eric Ancellin est également président de la Fédération départementale porcine du Gers et secrétaire général adjoint de la Fédération nationale porcine. 150 éleveurs du Gers et des Pyrénées-Atlantiques ont bloqué les accès du Carrefour d’Auch, magasin choisi pour ce que le groupe Carrefour, qui détient un quart de la distribution française, représente aujourd’hui.. Ces problèmes résultent bien entendu d’une mauvaise répartition des marges, ce qui n’est pas nouveau, mais nous voudrions aussi qu’il y ait plus de transparence sur la provenance des matières premières utilisées dans les produits transformés qui portent la mention « transformé » ou « élaboré » en France, et dont nous savons qu’elles sont la plupart du temps importées. En 2003, alors que la consommation baissait de 5 % et la production de 2 %, les importations en provenance d’Espagne augmentaient, par exemple, de 50 %».
Engager des débats sur la situation du Sud-Ouest
Eric Ancellin demande ainsi l’organisation urgente d’une table ronde qui réunirait les filières porcines d’Aquitaine, Midi-Pyrénées, Auvergne et Limousin, ainsi que les responsables de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et de la Fédération de l’industrie de la charcuterie-traiteur (FICT), pour débattre de la situation du Sud-Ouest. « On ne peut pas comparer la situation des éleveurs du Grand-Ouest et celle des éleveurs du Sud-Ouest,poursuit-il. La grande distribution parle de qualité, de terroirs, de marques régionales, encore faut-il qu’elle permette aux filières régionales de vivre si elle veut être en accord avec son discours. J’ai calculé les plus-values que je réalise personnellement avec ma production Sud-Ouest : 0,02 € par kilo pour la traçabilité, 0,03 € pour l’IGP Jambon de Bayonne et 0,03 € pour la filière qualité Carrefour, ce qui fait moins de 0,1 € par kilo. Au total, le porc nous est actuellement payé 0,85 € le kilo auxquels s’ajoute la plus-value, pour un prix de revient qui avoisine les 1,5 € par kilo, compte tenu d’une augmentation de 30 % du coût de l’aliment à cause de la canicule. A ce rythme-là, les producteurs ne vont pas tenir longtemps».
Pour le rétablissement de cotations régionales
Autre problème de fond : les périodes de promotions. « Un problème qui concerne aussi les pouvoirs publics qui doivent légiférer sur le sujet, estime Eric Ancellin. Actuellement, chaque semaine, une enseigne fait des promotions, ce qui ne sert qu’à motiver un prix d’achat le plus bas possible toute l’année, pour pouvoir vendre un fond de rayon (produits transformés) avec des marges allant de 70 à 100 %. Quand on voit du jambon de Bayonne tranché vendu 40 €/kg et qu’on ne touche que 0,03 € de plus-value, on se dit qu’il y a un problème quelque part».
Les éleveurs du Gers sont ainsi persuadés que leur cas doit se régler au niveau du Sud-Ouest et non sur le plan national, et penchent pour le rétablissement de cotations régionales qui rétabliraient un équilibre par rapport au cadran de Plérin. « La filière bovine fonctionne bien avec des cotations régionales, partout en France, pour pas la filière porcine», conclut Eric Ancellin.