Porc : des difficultés pour l’ensemble de la filière française

«Le compte n’y est toujours pas ». Tels ont été les premiers mots de Jean-Jacques Riou, président du Marché du porc breton (MPB), pour ouvrir la dernière assemblée générale de l’association, le 3 avril dernier. Avec un coût de revient de 20 centimes le kilo de carcasse plus élevé que le prix payé au producteur, la sortie de la crise apparaît encore lointaine. Et cela d’autant plus que les prix de l’aliment semblent vouloir rester durablement à des niveaux élevés.
Toutefois, les perspectives à moyen terme sont au redressement du prix de base, en France comme dans le reste de l’Union. Outre la reprise saisonnière des tarifs, viendra s’ajouter une baisse globale de la production européenne. Ainsi, selon Jean-Pierre Joly, directeur du MPB, il n’est pas impossible de retrouver « un porc à dix francs », soit à 1,50 euros le kilo dans les prochains mois. Cela dépendra néanmoins de la demande. Et de ce côté, les constats restent les mêmes depuis plusieurs mois : fortes distorsions de concurrence en Europe comme au niveau mondial, négociations OMC, et parité euro/dollar défavorable à nos produits. C’est sur ce dernier point qu’a souhaité réagir le Syndicat national du commerce du porc (SNCP).
Selon lui, les difficultés à l’export, tant pour les professionnels français qu’européens, expliquent en grande partie le contexte commercial actuel. « L’export est essentiel pour les professionnels de l’abattage découpe, en particulier vers les Pays tiers » qui permettent une très bonne valorisation de certains morceaux. D’où la nécessité, selon Jean-Pierre Joly, de maintenir les restitutions.
Le Canada n’échappe pas à la crise
Il faut dire que le taux de change actuel « profite » à d’autres pays, et notamment au Canada. L’occasion pour le MPB de donner la parole à Denis Dallaire, directeur de la fédération des producteurs de porc au Québec. Selon lui, le Canada a quelque peu tiré profit du contexte mondial, en développant, l’an dernier, ses exportations vers la Chine, le Japon et la Russie. Reste que la parité ne justifie pas à elle seule la compétitivité de cette origine. Les moindres contraintes concernant l’utilisation de graisses animales ou de maïs OGM dans les aliments jouent aussi un rôle important.
Malgré cela, la santé des élevages canadiens n’est pas meilleure qu’en France. L’envolée des matières premières et de l’énergie est mondiale, et frappe tous les producteurs. À cela s’ajoute une forte baisse des prix payés au producteur depuis 2006, qui devrait se prolonger cette année. Sans oublier les importants soucis sanitaires rencontrés en 2005 et 2006, suite à la présence du circovirus ¬-maladie ayant fortement augmenté le taux de mortalité en engraissement.