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Porc : aux Pays-Bas, la chasse aux coûts est l'affaire de tous

Un projet associant des éleveurs et un abatteur vise à économiser 5 centimes par kilo de carcasse. L'Etat réduit ses coûts en privatisant une partie de l'inspection post mortem des viandes.

« Avant, les éleveurs de porcs critiquaient les autres maillons de la filière. Maintenant, ils ont compris que pour prendre, il faut aussi donner, comme dans un bon mariage », résume Hans Swinkels, de l'organisation agricole LTO Nederland. Lors d'un séminaire sur la restructuration aux Pays-Bas, organisé par l'ambassade de France mardi à La Haye, le syndicaliste a exprimé sa vision de l'avenir. D'après lui, le producteur doit « coopérer avec d'autres exploitants agricoles et avec d'autres opérateurs de la filière».

Le projet Varkel, visant à réduire les coûts dans le secteur porcin, est une bonne illustration. Il associe les éleveurs du LTO, l'entreprise de sélection porcine Topigs et l'abatteur Vion. Leur objectif commun est de réduire les coûts de 5 centimes par kilo de carcasse. Réduction des anomalies à l'abattage, classification des carcasses plus précise, amélioration de l'uniformité des porcs, diminution des coûts d'inspection, allégement des frais de transport sont quelques-unes des pistes de travail envisagées. Au final, les économies peuvent être d'environ 3 centimes pour les producteurs et de l'ordre de 2 centimes pour les abatteurs. « C'est 70 millions d'euros par an, qui nous passent sous le nez parce qu'on ne se parlait pas assez», a-t-il estimé.

Les pouvoirs publics participent aussi à cette chasse aux coûts. Un domaine dans lequel la filière porcine hollandaise se trouve déjà en pointe. Ge Backus, de l'Institut d'économie agricole, a d'ailleurs rappelé que les Pays-Bas sont aux premiers rangs dans l'UE, devant le Danemark et la France (mais, moins bien classés sur le plan mondial, notamment par rapport aux Etats-Unis ou au Brésil). La politique actuelle, notamment en termes de bien-être animal, est de ne pas charger la barque. « On ne veut pas d'augmentation des coûts, synonyme de perte de compétitivité et de délocalisation de la production », a insisté Hans Swinkels. Il s'est félicité de l'attitude du gouvernement qui, contrairement aux années 90, préfère « suivre la réglementation européenne plutôt que devancer la musique ».

Délégation du service public

Une privatisation de l'inspection post mortem des viandes de boucherie est en cours. Depuis le 1er janvier 2006, une partie de ce travail, jusqu'alors dévolu à l'Autorité des denrées alimentaires et non alimentaires (VWA), est déléguée à un organisme indépendant, le KDS. Bien que la délégation du service public coïncide avec l'entrée en vigueur du Paquet Hygiène, et notamment le contrôle de deuxième niveau, elle n'y trouve pas son fondement juridique. L'objectif du gouvernement est de diviser par deux le coût de l'inspection. Un essai est mené avec KDS jusque fin 2007. Cette situation de monopole devrait prendre fin avec l'ouverture du marché à la concurrence, qui sera décidée à la fin de l'année.

Inspection visuelle

Vion a profité de la mise en place du Paquet Hygiène pour expérimenter, dans son abattoir d'Helmond, une méthode alternative d'inspection vétérinaire pour le contrôle des carcasses de porc. Elle repose sur un examen visuel.

« Les résultats semblent prometteurs et montrent un haut, voire très haut niveau de conformité avec les procédures écrites, souligne une note de la Mission économique de l'ambassade de France. Ce nouveau système semble garantir le même niveau d'exigence en termes de sécurité alimentaire. L'inspection visuelle entraîne une légère baisse du pourcentage de saisie, ainsi qu'une baisse minime de la prévalence de détection des endocardioses. Mais à l'inverse, la recherche de résidus antibiotiques, basée sur l'analyse de risque, apporte de meilleurs résultats, l'absence d'incision diminue le risque de contamination croisée par les salmonelles, et l'analyse sérologique apporte une garantie sur le statut des animaux vis-à-vis de Mycobactérium avium». Les services vétérinaires néerlandais pensent que ce nouveau système de contrôle pourrait également être utilisé dans les abattoirs de veaux, étant donné la nature relativement homogène des lots d'animaux.

Au final, tout en respectant la législation, c'est à l'entreprise qu'il incombe de choisir entre les différents modes d'inspection, tout en gardant à l'esprit que l'examen visuel nécessite moitié moins d'auxiliaires et par conséquent allège les coûts. S'agissant de la mise en place d'organismes privés de contrôle, les perspectives entrevues sur le long terme seraient la réalisation de 4 à 19 millions d'euros d'économie pour les industriels.

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