Pommes de terre : la campagne 2008 s'annonce plus modeste
Dans sa note sur la situation des cultures au 1 er octobre, Agreste (service de la statistique et de la prospective, ministère de l’Agriculture) a révisé en baisse ses prévisions de production françaises de pommes de terre de conservation à 4,81 Mt, soit 6,2 % de moins que l’an dernier. Cette baisse est la conséquence d’une légère réduction des surfaces passant de 107 000 à 106 000 hectares, mais surtout d’une baisse des rendements à 45,3 t/ha, contre 47,8 pour la précédente récolte. Malgré cette diminution la production française resterait de 3,3 % supérieure à la dernière moyenne quinquennale.
De son côté, le CNIPT, qui n’a pas encore achevé sa propre enquête sur la production nationale, formule des premières estimations de 4,5 % inférieures à la récolte 2007. Par ailleurs, le CNIPT s’est livré à un tour d’horizon européen à travers diverses sources d’informations européennes. Ces chiffres prennent en compte toutes les pommes de terre, y compris les plants, sauf les variétés féculières. Selon ce modèle, les estimations pour la France s’affichent à 5,6 Mt, soit 5,6 % de moins qu’en 2007. Toujours en se fondant sur ces bases la récolte européenne des 5 principaux pays du nord de l’UE serait en retrait de 3,5 % par rapport à l’an dernier avec, notamment, un fort recul de la production belge (-8,5 %). Seule la Grande Bretagne progresserait (+4,3 %). Au Sud, l’Italie bénéficierait d’une progression de près de 10 % tandis que la production espagnole baisserait de 5,2 %. Dans les nouveaux États membres, les surfaces auraient régressé de 6 % en moyenne, jusqu’à 7 % en Pologne, premier producteur de l’UE. La diminution de récolte européenne est aussi la conséquence d’une baisse des rendements qui passeraient, pour la moyenne européenne, de 43,7 t/ha en 2007 à 43 t cette année pour le nord de l’UE.
Quelles perspectives d’exportations ?
Au vu de ces chiffres, quelles pourraient être les perspectives d’exportation ? La baisse annoncée des récoltes chez nos clients du Nord de l’UE devrait préserver ce débouché, sauf à le réduire en Grande-Bretagne où la récolte est donc prévue en hausse de quelque 250 000 t. Chez nos deux grands acheteurs que sont l’Espagne et l’Italie, la situation est différente. Notre premier débouché, l’Espagne, resterait largement ouvert. En revanche, l’Italie, avec une récolte estimée en hausse de 9,9 %, réduirait sans doute son recours à l’importation. Dans les cas de l’Espagne et de l’Italie, l’évolution des cultures n’est pas que ponctuelle ; l’Espagne réduit régulièrement ses surfaces depuis plusieurs années (divisées par deux en 10 ans) et confie de plus en plus l’approvisionnement de son marché intérieur à la production française, tandis qu’en ce qui concerne l’Italie, le CNIPT constate aussi une tendance plus structurelle, avec une stabilisation des surfaces, dans un cadre plus organisé, autour des Bourses locales.
Pour le premier mois de la campagne (août), les exportations françaises de pommes de terre de conservation ont porté sur 30 700 t, ce qui en fait le plus bas mois d’août de ces dernières années, notamment par rapport à août 2007 où elle atteignaient 44 200 t. Sur ce mois d’août, les sorties vers l’Espagne sont en retard d’environ 30 % par rapport à l’an dernier avec 15 100 t, mais elles restent dans la moyenne des précédentes campagnes, alors que la baisse est forte sur l’Italie : 1 000 t contre 5 300 l’an dernier et 3 200 en août 2006. Nous noterons une fois encore la progression des exportations à destinations des « autres pays », Est de l’UE essentiellement, qui ont atteint 4 600 t en août dernier contre 1 400 en août 2007 et 900 l’année précédente, ce qui représente 15 % des sorties.
Bien qu’il faille considérer le bilan d’un premier mois Dans le bilan de la campagne 2007-2008, publié le mois dernier, nous avons écrit à propos des résultats du dernier mois de cette campagne « 33 000 t exportées en janvier », il s’agissait bien entendu de juillet. Il n’y a plus de saisons ! de campagne avec réserve, ce développement des ventes en dehors de nos grands clients traditionnels pourrait être pris comme le signe annonciateur de la diversification tant souhaitée de notre clientèle.