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Plan Phytosanitaires : attention aux impasses techniques

La suppression de 30 produits phytosanitaires, d'ici la fin de l'année, et de 50% de l'usage des pesticides d'ici 10 ans risquent de poser de graves problèmes aux filières fruits et légumes en manque d'alternatives.

Réduire de moitié, d’ici à 2018, le nombre de molécules utilisées comme pesticides dans l’agriculture en France revient à repenser l’agronomie, estime un scientifique de l’INRA, rencontré lors du 38 e congrès du groupe français des pesticides, qui se tenait la semaine dernière à Brest. Mais attention aux impasses techniques, plus nombreuses dans la filière des fruits et légumes que dans aucune autre production.

Le travail du chercheur s’inscrit dans la droite ligne du Grenelle de l’environnement qui prône le retrait, d’ici à la fin de l’année, « de 30 produits contenant les substances actives les plus préoccupantes », et la réduction par deux de l’usage des pesticides « dans un délai de dix ans, si possible ». En matière de traitement phytosanitaire, la prudence est nécessairement de mise : supprimer des substances revient à livrer, de facto, des productions aux seuls parasites.

Carottes et poireaux en danger ?

Cependant, il existe des pratiques agronomiques nouvelles qui permettent de s’affranchir de certains traitements chimiques. Thierry Caquet scientifique attaché à l’unité INRA (Rennes) s’intéresse à « l’évolution des forêts, prairies et milieux aquatiques ». « Nous travaillons sur de nouveaux systèmes d’assolement, avec des rotations plus longues et la plantation de cultures intercalaires pour ne pas fixer les populations de ravageurs », explique le chercheur.

Selon lui, les cultures industrielles (blé, colza, maïs, betterave…) s'adaptent aisément dans ces nouveaux systèmes agronomiques, tout comme les cultures horticoles sous serres.

L’arboriculture fruitière devrait suivre. Par contre, la filière des fruits et légumes lui semble à court terme en plus grande difficulté car plusieurs des substances interdites la concernent. « Or, aucune firme phytosanitaire ne prévoit de mettre en marché des solutions alternatives aux traitements contre la mouche qui s’attaque aux carottes ou aux poireaux », poursuit Thierry Caquet.

Cette inclination de plus en plus forte, en France comme en Europe, de voir les pesticides uniquement sous l’angle des risques fait oublier que jusqu’à présent, ils ont été analysés en soupesant aussi leurs avantages. Jean-François Proust, principal animateur de Forum Phytos, structure de lobbying de la filière française des fruits et légumes fait remarquer qu’il y a déjà en France « près de 500 usages phytosanitaires mal pourvus ou non pourvus en légumes, principalement des usages mineurs »

Et parmi ceux-ci, près d’une centaine sont jugés comme absolument prioritaires, selon d’autres sources. Sans protection chimique, radis, mâche, oignon pourraient être livrés à court terme aux attaques massives d’insectes ravageurs et de champignons à l’échelle du territoire français. En Bretagne, quelques producteurs ont fortement réduit leur mise en culture de brocolis, par crainte des ravages de la mouche du chou.

Pour inciter les agriculteurs à maintenir ces productions, même en impasse technique, Thierry Caquet suggère la création de deux outils. D’abord, la mise en place d’un système d’assurance contre les pertes que pourraient subir les producteurs engagés dans une politique volontariste de réduction des pesticides. Ensuite, la modulation de primes PAC en fonction de l’usage des pesticides pratiqué sur une exploitation.

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