Plan agroalimentaire : « rien de nouveau »
LM : Que vous a annoncé Nicolas Forissier, lors de votre rencontre, mardi soir ?
Hervé Garnier : Avant tout ce qu’il faut rappeler c’est que depuis le début nous demandons à faire partie du groupe de travail sur l’emploi et nous n’avons jamais été associés. On nous a dit que c’était peut-être mieux ainsi : faire parler les patrons avant et être associés maintenant...Dans un premier temps, le secrétaire d’Etat nous a présenté le travail du programme 7 (nommé «développer l’emploi et favoriser les métiers» Ce groupe rassemble des représentants de l’Ania, Coop de France, l’ANPE, l’Apecita, l’Unedic, des Caisses centrales de la MSA, de l’Ina-PG, des ministères de l’Agriculture, des Finances et de l’emploi et des Directeurs de ressources humaines ) . Il nous a expliqué que l’on pourrait se fixer comme objectif 500 000 emplois contre 420 000 aujourd’hui (sans compter l’artisanat). Pour ce faire, la solution serait de promouvoir les métiers. Dans le concret, les mesures proposées reprennent les négociations que nous avons eues avec l’Ania et Coop de France sur la formation professionnelle. On a aussi eu l’impression de reconnaître des idées émises du côté de la Chambre des patronats, en nous parlant de la semaine du goût comme moyen de promotion : ça fait un peu réchauffé. On nous nous cite aussi le Sial, qui est un salon professionnel ! Le groupe s’est réuni trois fois pour ça ! Ca fait beaucoup de mousse pour rien de nouveau.
LM : Et vous ? Qu’avez-vous demandé comme mesures pour améliorer l’emploi dans le secteur ?
H.G. : Nous avons résumé nos demandes autour de 4 points clés. Tout d’abord la responsabilité sociale des entreprises ; les entreprises ne peuvent pas réclamer de l’argent pour promouvoir les métiers et en même temps débaucher des salariés sans dire pourquoi. Quand on dit que les salaires ne sont pas attractifs, il suffirait de se mettre autour de la table et de discuter, mais les entreprises ne veulent pas.
Deuxièmement : on pense que s’il faut mobiliser la puissance publique autour de l’emploi, c’est vers les PME qui continuent à en créer à l’inverse des grands groupes.
On a coutume de dire que 80% des produits alimentaires de demain sont encore à inventer, alors comment aide-t-on les PME à bénéficier des innovations techniques ? Si on ne le fait pas, elles ne seront que des sous-traitants des grands groupes. Enfin nous pensons qu’il faut aider les PME à l’export. Le troisième point concerne les conditions de travail. Pour nous, il n’y a pas de produits de qualité sans emplois de qualité. Pour améliorer les conditions de travail, on ne doit pas inventer de nouvelles choses. Entre le fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact) et le comité technique de condition de travail à la Cnam, il existe des outils. Mais à part le secteur de la viande, personne ne les utilise. On demande que ce soit plus le cas et on voudrait aussi négocier la pénibilité du travail. Enfin concernant la formation, nous demandons que la formation initiale corresponde plus aux besoins de la filière, que l’on réfléchisse au moyen d’améliorer la qualification des salariés et que les contrats de qualification professionnelle soit établis de façon plus horizontale.
LM : En conclusion, que retirez-vous de cette entrevue ?
H.G. : On est très dubitatifs...On a parlé, Nicolas Forissier nous a demandé de faire une contribution écrite -encore une !- et a prévu de nous revoir fin décembre, début janvier. Le seul point réellement concret porte sur la création d’une section agricole et agroalimentaire au Conseil supérieur de l’emploi dont le décret serait sur le bureau de Borloo. Cela pourrait être une bonne chose, mais on reste prudent car à chaque fois qu’il y a un problème, il y a une commission.