Pétrol-éthanol-sucre : les vases communicants
La hausse des cours du pétrole relance la médiatisation des biocarburants et plus particulièrement de l’éthanol. Le public découvre l’importance de ce carburant de substitution longtemps présenté comme un gadget par nos pétroliers, constructeurs d’automobiles et motoristes alors que les Etats-Unis imposent un apport de 10 % d’éthanol dans les carburants. La mesure dans ce pays a été d’abord guidée par un souci environnemental : la moindre pollution. Il ajoute aujourd’hui à cet intérêt écologique un rôle stratégique. Il est maintenant sérieusement considéré aux USA, comme un substitut potentiel, un pétrole « Home Made » prêt à fournir le marché en cas de crise énergétique. L’éthanol occupe une place reconnue dans la liste des marchés mondiaux de matières premières d’origine agricole, avec sa cotation depuis mars 2005 au CBOT (Chicago Board of Trade) et se situe en étroite corrélation avec les marchés du brut et du sucre comme le rappelle la CGB (Confédération des planteurs de betteraves) dans une analyse récente. La CGB souligne que cette forte corrélation entre les cours du brut ceux de l’éthanol provient du fait que les deux matières premières se situent dans un marché commun, dans lequel se place aussi le sucre. Dans un pays « pivot » comme le Brésil, si l’augmentation du prix du brut entraîne celle de la demande en éthanol donc de son prix, la production de canne ira plus volontiers vers l’alcool au détriment du sucre modifiant l’équilibre de ce dernier marché. Cette faculté d’adaptation du Brésil en fait, tant en ce qui concerne le sucre que l’éthanol, un redoutable concurrent sur le marché mondial.