Petfood : aux Etats-Unis, c’est l’Eldorado
De notre envoyée spéciale
Les dépenses concernant les animaux familiers aux Etats-Unis n’ont cessé de croître ces dernières années, passant de 28 milliards de dollars en 2001 à 43 l’an passé. Cependant, comme dans tous les secteurs économiques, l’univers des animaux familiers est marqué par la crise. « Certaines familles sont obligées d’euthanasier leur animal car elles ne peuvent plus financer les soins qui leur seraient nécessaires. C’est un vrai déchirement pour eux, qui accentue dans ces familles le sentiment de la récession et la peur de l’avenir », expliquait le quotidien USA Today le 30 janvier dernier.
Dans l’ensemble des dépenses « animaux familiers » des familles américaines, prés de 17 milliards de dollars ont été consacrés l’an passé à leur alimentation. A titre de comparaison, les ventes de petfood en Europe s’élèvent à 10 milliards d’euros (soit 13 milliards de dollars au taux de change de janvier 2009). L’alimentation des chiens, avec un peu plus de 10 milliards de dollars, domine et s’inscrit en croissance de plus de 10% entre 2006 et 2008. Sur ce segment « chiens », les aliments secs sont largement en tête, suivis des biscuits, avant même les aliments humides. Pour les chats, les aliments secs sont en tête également, même si la différence avec les aliments humides est moins importante.
La mélamine a laissé des traces
« Si, réglementairement, ces petfood sont considérés dans la grande famille des aliments pour animaux, ils sont de fait commercialisés comme des aliments pour les hommes : même type de présentation et de promotion, même points de vente, même lieu d’utilisation », rappelait Daniel G. McChesney du Centre de médecine vétérinaire américain (CMV), le 27 janvier dernier à Atlanta, lors de l’IPE (International Feed Expo). « C’est pour cela que la FDA a modifié la réglementation en 2007 », explique William J. Burkholder (CMV). Rappelons que l’épisode de mélamine dans les petfood date justement de cette année là aux Etats-Unis. Le rappel très large des petfood émis le 16 mars 2007 a motivé l’évolution très rapide de ce cadre : « deux ans après la nouvelle loi, le ministre de la Santé va établir la liste et la description des ingrédients standards des petfood ainsi que des standards de production et d’étiquetage ». Et cela sans oublier le système d’alerte et de notification mis en place dans la foulée. Les Etats-Unis ont bien pris en compte la notion de sécurité alimentaire, sur un modèle assez similaire à la réglementation européenne même si, comme le montrait Willem Penning (Commission européenne), l’UE reste très en avance en termes de protection des utilisateurs.
Mars Petcare et Nestlé SA arrivent nettement en tête du marché international des petfood (entre 10 et 12 milliards de dollars chacun), les troisièmes égalité (Colgatge-Palmolive et Procter&Gamble) s’établissant bien en-deçà, aux environs de 3 milliards de dollars de vente. Le marché américain reflète bien la hiérarchie internationale de ces groupes. Les tendances sont, comme en Europe et comme en alimentation humaine, aux bénéfices santé, à l’émergence des ingrédients fonctionnels, à la nutrogénomique, à la poussée du naturel (voire le bio) et, de façon générale, au bien être (cognitif, immunitaire…).