Pernod Ricard : la bourse doute puis se rallie

Stratégiquement, le groupe Pernod Ricard a réussi un joli coup en mettant la main lundi sur le groupe suédois Vin & Sprit, détenteur de la vodka Absolut. Ce joyau du portefeuille va cependant coûter cher au français, qui a mis 5,26 Mds Eur sur la table pour l'emporter et a vu son cours perdre du terrain quasi immédiatement (-4,3% lundi). Car ce mouvement, opéré au moment où les marques de vodka sont l'objet de toutes les convoitises, a fait gonfler l'addition. Pernod Ricard a ainsi dépensé 20,8 fois l'Ebitda de sa cible, une somme financée par l'emprunt qui a entraîné une série de réévaluation à la baisse des agences de notation, et s'ajoute à une dette nette de 6,6 Mds Eur au 31 décembre 2007. Fitch, Moody's et Standard & Poor's ont systématiquement dégradé les notes de la dette, notamment à long terme, mais le profil du groupe devenu n°2 du secteur aux Etats-Unis devrait lui permettre de se remettre de ses émotions. Moody's juge ce rachat «pertinent» en regard de la stratégie de marques «premium» suivie par Pernod Ricard. Le groupe français, qui a divisé son nominal par deux en janvier pour rendre ses titres plus liquides, vient d'afficher « une progression historique de l'activité et une accélération de la croissance des marges » au 1er semestre 07/08, de nature à rassurer les investisseurs. Le chiffre d'affaires consolidé du semestre s'est élevé à 3,7 Mds Eur, en progression de +5,9%, avec une contribution positive de toutes les zones d'activités, et un résultant net part du groupe en hausse de 17,7%, à 588 M Eur. Avec un titre et des résultats en hausse régulière depuis plusieurs années, Pernod Ricard a montré qu'il savait digérer les acquisitions lourdes (Seagram en 2001 et Allied Domecq en 2005). Le contexte actuel autour du crédit pourrait handicaper un moment le géant des vins et spiritueux, qui peut néanmoins compter sur des débouchés en perpétuelle augmentation. D'ailleurs hier, vers 15h30, Pernod Ricard reprenait déjà 3,3%.