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Pêche : le courant passe avec la distribution

Taxe sur les produits de la mer et boycott de certaines espèces de poissons : il n’en fallait pas plus pour faire monter la tension entre les pêcheurs et la fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). Les deux parties ont finalement préféré le dialogue plutôt que l’affrontement. Au final, se profile la création d’une interprofession de la filière pêche. Elle devrait permettre d’améliorer l’information et la communication auprès des consommateurs.

Voici trois à quatre mois, la tension était en effet montée d’un cran entre les pêcheurs et la grande distribution. En cause, la création de l’écotaxe et le boycott de certaines espèces par les grandes surfaces alimentaires (dont le thon rouge, par exemple, ou encore le bar) sous la pression notamment d’organisations non gouvernementales (ONG) Les Marchés consacreront la semaine prochaine un supplément complet à l’actualité des produits de la mer à l’occasion du prochain salon Seafood de Bruxelles.. « Nous avons préféré le dialogue à l’affrontement, et c’est pourquoi nous avons invité la FCD à venir se rendre compte sur place des enjeux et contraintes de la filière pêche », expliquait Pierre Dachicourt aux premières heures de ce 11 avril.

Le dialogue plutôt que l’affrontement

Hasard de l’agenda, quelques heures plus tard, les pêcheurs boulonnais manifestaient dans le centre-ville contre la réduction des quotas de cabillaud et l’ouverture d’une enquête sur une éventuelle filière de commercialisation illicite de cabillaud (lire Attendez-vous à savoir, page 2).

« Il n’y a aucune raison que la GMS boycotte des espèces tant que les professionnels n’ont pas atteint leurs quotas, affirmait d’entrée de jeu Pierre Dachicourt en rappelant « qu’un poisson sur deux débarqué à Boulogne n’est pas soumis au régime des quotas et que certaines espèces comme le lieu noir n’arrivent pas à trouver de valorisation » ! « Sur les quotas, les choses pourraient aller vite », lui répondait Jérôme Bédier, en affirmant aussitôt : « Nous tenons beaucoup au rayon poissons de nos magasins ! »

Mais force est de reconnaître que le rayon poissons n’est pas un rayon comme les autres. « Chaque coup de chalut est un coup de loto ! », aime à répéter Pierre Dachicourt. De fait, en matière de poissons, rien n’est prévisible : ni les espèces débarquées, ni les tonnages, ni le prix. Dans ces conditions-là, difficile d’éditer un catalogue qu’il faut boucler trois semaines avant les mises en avant du produit, reconnaissent aussi bien le président de la FCD que Jean-Jacques Lecomte, chef de groupe approvisionnement à la centrale Auchan. Seule exception : l’ensemble des magasins proches de la côte qui peuvent s’appuyer sur la presse locale pour faire passer leurs messages commerciaux de dernière minute.

De nouvelles façons de vendre le poisson

L’appauvrissement de la ressource inquiète les grandes surfaces devenues aujourd’hui les premiers opérateurs commerciaux de la filière. Et tout le monde a à gagner à une meilleure communication et information sur le produit. Car le consommateur finit par ne plus comprendre ce qu’il achète, hésite quand il doit cuisiner… et finalement se détourne du stand poissonnerie.

« Chez Auchan, 87 % de nos clients n’ont aucun produit de pêche dans leur caddie lors de leur passage en caisse ! », souligne J. J. Lecomte. C’est la raison pour laquelle Auchan teste actuellement un nouveau concept de rayon poissonnerie « basé sur des bars à sushi, à tapas… » Ce nouveau rayon est actuellement en test à Auchan Saint-Omer. « Si les résultats sont probants, il sera multiplié sur l’ensemble de nos magasins », explique le responsable du grand distributeur nordiste. A Boulogne, le magasin réorganise son rayon poissons : « On va aller encore plus loin en proposant aux entreprises de Capécure de tester leurs nouveaux produits dans notre magasin, en cuisant du poisson sur place et en donnant le maximum de conseils de préparation », explique le chef de rayon. Pour l’information et la communication, rien de tel qu’une interprofession. « Nous avons une structure dans laquelle les organisations de producteurs ne sont pas assez représentées et dans laquelle la grande distribution est absente », précise Pierre Dachicourt.

Sur ce point, les réflexions avancent dans le bon sens. « Pour améliorer notre information réciproque », affirme Jérôme Bédier, en reconnaissant qu’il y a beaucoup d’actions à mener pour une meilleure information du consommateur et lui redonner le goût du produit. « Il y a urgence à mettre en place cette interprofession à travers notre projet de fondation France Pêche Durable. Nous avons déjà créé une association le 4 janvier dernier. Elle devrait être reconnue d’utilité publique par le ministre de l’Agriculture très prochainement et servira de base à cette interprofession qui disposera véritablement d’une approche nationale », concluait Pierre Dachicourt.

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