Pdt : début de campagne en demi-teinte
L’assemblée générale du CNIPT (comité national interprofessionnel de la pomme de terre) se tiendra à Paris mardi 16 décembre, sous la présidence de Benoist Leforestier. On y évoquera bien sûr l’année mondiale de la pomme de terre qui s’achève sur un nombre impressionnant de manifestations dans le monde entier à la gloire de ce légume universel. En France notamment, la pomme de terre a considérablement évolué ces dernières décennies pour passer du rang d’aliment basique jusqu’à celui de partenaire à part entière de notre patrimoine gastronomique. Les chercheurs, les sélectionneurs, les producteurs et l’ensemble de la filière française ont tous œuvré à cette évolution qui n’en est pourtant pas à son terme. En effet, l’un des thèmes de cette assemblée générale reposera sur « la pomme de terre demain ». L’adaptation de la pomme de terre au goût changeant du consommateur constitue en effet l’une des préoccupations récurrentes de l’interprofession.
L’assemblée générale du CNIPT aura aussi à débattre des dossiers d’actualité, en particulier dresser le bilan de la campagne écoulée et faire le point du premier quart de l’actuelle qui a démarré laborieusement sur le plan commercial, surtout à l’exportation. Comme nous l’avons déjà indiqué (notre édition du 20 novembre), les exportations françaises au 1 er octobre représentaient 86 000 tonnes contre 134 200 t l’an dernier et 109 600 t pendant la période correspondante de 2006-2007.
Jean-Luc Gosselin, le directeur du CNIPT, ne s’inquiète cependant pas du retard de ces exportations, rappelant que les deux dernières campagnes avaient été exceptionnelles et que les sorties de 2005-2006 sur cette même période étaient inférieures (78 100 t) à la présente. 2005-2006 s’était pourtant achevée avec un bilan d’exportations fort honorable de 1,5 Mt. Jean-Luc Gosselin souligne les fondamentaux favorables à l’exportation cette campagne dont le principal est la modicité estimée de la récolte européenne en baisse de 1,4 % dans les 5 grands pays du nord de l’UE avec 22,85 Mt, mais surtout de plus de 8 % chez nos principaux clients (l’Espagne et l’Italie) qui devraient maintenant accélérer leurs achats auprès de la France Cette prévision s’est confirmée depuis la rédaction de cet article, les chiffres d’octobre qui viennent de nous parvenir (voir par ailleurs) indiquent une nette reprise (ndlr). La France qui, elle-même subirait une baisse de production brute de 2,3 à 5 % (selon les sources). Cependant, estime le directeur du CNIPT, les disponibilités ne subiront pas une telle réduction car il y aura moins de déchets que l’an dernier dans une récolte de qualité plus homogène.
Les prix exceptionnels de la campagne 2006-2007 ne sont plus qu’un (bon) souvenir, mais nul n’espérait les retrouver rapidement. On est loin cependant de la folle volatilité des cours des céréales et autres matières premières agricoles. La campagne 2008-2009 a démarré sur des bases de prix proche de la précédente ; ce n’est ni enthousiasmant ni déprimant (voir graphiques)
Recul de la consommation,
Plus inquiétante est l’évolution de la consommation intérieure. Après une campagne 2007-2008 dynamique, les achats des ménages pour la période du 14 juillet au 2 novembre 2008, ont régressé de 7,2 % par rapport à la période correspondante de l’an dernier, alors qu’ils avaient augmenté de 7,7 % par rapport à l’année précédente. Toute la grande distribution est touchée par cette baisse des achats des ménages, les supermarchés et les discounters étant particulièrement pénalisés par un recul de près de 14 %. Le directeur du CNIPT y voit, entre autres, une reprise de la production des jardins familiaux et le moindre tapage médiatique autour des prix élevés des légumes frais qui avait indirectement fait ressortir l’aspect économique de la pomme de terre. La légère augmentation des prix, de l’ordre de 4 % pour l’ensemble de la grande distribution, n’est probablement pas à l’origine de ce ralentissement, surtout si l’on considère les promotions à bas prix qui n’ont eu aucun effet positif sur la consommation, voire un effet négatif. Jean-Luc Gosselin fustige ces offres à bas prix pour des produits de médiocre qualité rebutant le consommateur et mettant les producteurs et les entreprises en péril. C’est aussi le mépris des accords interprofessionnels passés sur ce point. Ce qui crée, déplore le directeur du comité interprofessionnel, un climat très tendu entre partenaires de la filière.