PAI : Aptunion revient sur le devant de la scène

Après plusieurs années de turbulences, Aptunion Industrie (Vaucluse), spécialisé dans la fabrication de PAI à base de fruits et de fruits confits, revient à l'équilibre. « Le plan d'urgence instauré par Verdoso se termine et s'avère payant. Le retour à l'équilibre valide notre changement de stratégie, et la phase suivante sera de pérenniser ces nouveaux acquis », nous indique Sylvain Tardieu, directeur des achats. Depuis sa création dans les années 1960 par les confiseurs de la région désireux de se développer à l'export, Aptunion a souvent changé de mains. En 1976, il passe dans le giron de Midial puis de Kerry Ingrédients France en 1996. En 2010, le groupe irlandais décide de se séparer de ses activités non stratégiques. Aptunion en fait partie. La vente à Verdoso Investissement est effective en 2012, et le fonds français engage rapidement une stratégie de redressement. Cinq millions d'euros sont consacrés à la modernisation de l'outil industriel pour accroître sa compétitivité et dans sa force commerciale pour la relance des marchés. Si la vocation de Verdoso est de remettre sur rails des entreprises en difficulté, elle n'est pas de les conserver. D'où la vente d'Aptunion en 2015 au groupe familial Miréolian qui conforte ainsi sa branche HLR spécialisée dans la fabrication d'ingrédients sucrés pour les industries agroalimentaires.
Le groupe Miréolian comme actionnaire unique« Le groupe Miréolian basé dans le Morbihan est devenu l'actionnaire unique d'Aptunion. Il faut le considérer comme un groupement d'entreprises indépendantes, car toutes les structures qui le composent – HLR, Bertin, Valia et Aptunion – ont gardé leur autonomie d'action et leur indépendance financière. L'objectif d'Aptunion est de se redynamiser en mode PME, sans attendre l'argent de l'actionnaire et de gagner en réactivité », précise Sylvain Tardieu. Aujourd'hui, Aptunion – dont le centre décisionnaire et les outils de fabrication sont installés à Apt sur un site de 22 hectares – produit 10 000 tonnes d'inclusions de fruits par an pour un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros. Le site regroupe trois usines, un centre administratif, un centre R&D et un entrepôt de stockage. Son président-directeur général Olivier Charles a été mis en place par Verdoso.
Aptunion se positionne comme un spécialiste du BtoB de fruits confits (70 % des volumes pour la cerise) et de pépites de fruits. Les fruits confits sont obtenus par confisage, à savoir le remplacement de l'eau du fruit par le sucre. « La méthode a été modernisée et automatisée mais elle reste la même. Il est difficile de la faire évoluer, car il n'y a pas eu de véritable rupture technique. Mieux vaut parler d'adaptation que d'innovation. » Les industriels doivent donc se démarquer sur ce tronc commun de fabrication. « Un élément de différenciation est le sirop. Nous le fabriquons nous-mêmes en fonction des cahiers des charges de nos clients. L'autre voie d'évolution est l'utilisation de colorants naturels qui sont de plus en plus demandés », souligne Sylvain Tardieu. La première destination des fruits confits est la fabrication de cakes, mais ils se retrouvent également dans les nougats, calissons, couronnes des rois et chocolats.
Leur présence augmente également au rayon des aides à la pâtisserie sous forme de petits pots ” et surtout à l'export (70 % des volumes), notamment la Grande-Bretagne où la tradition de pâtisserie domestique est vivace. « Cependant, de nouveaux usages apparaissent. Nous fournissons Mondelez qui commercialise sur le marché australien une barre de type Bounty, composée d'un mélange de noix de coco et de cerises confites », informe Sylvain Tardieu. La gamme pépite et cœur de fruits est constituée de morceaux de fruits fabriqués à partir de purées texturées, cubées et séchées. Elles sont utilisées en confiserie, boulangerie, produits laitiers, chocolaterie, etc. « La première application est dans leur version sucrée. Mais il y a de vraies pistes de développement dans la version salée », précise-t-il.
“ Le sirop est un élément de différenciation
Au rayon chocolat, en raison d'une technique de fabrication unique de ses pépites, Aptunion travaille avec les plus grands noms (Mondelez, Nestlé, Lindt) et fournit également les MDD. Bien implanté au niveau français et international, Aptunion souhaite consolider ses positions via un plan stratégique à trois ans. Il passera par des mesures comme la dynamisation de la gamme produits, la réduction des coûts pour gagner en compétitivité, la consolidation de la croissance par l'innovation, mais aussi la sécurisation des achats via la contractualisation ou encore le renouvellement des générations pour « perpétuer le savoir-faire en titularisant cinquante personnes sur le prochaines années ». Une manière pour Aptunion de consolider sa vocation d'acteur de l'économie sociale et solidaire sachant que « sur les 35 millions d'euros de chiffre d'affaires, 25 reviennent à notre bassin de production », assure Sylvain Tardieu.
Les nouveaux accords professionnels du bigarreau d'industrie ont été signés sous l'égide de l'Association nationale interprofessionnelle du bigarreau (Anibi) pour cinq ans, ce qui est une nouveauté. Ils prévoient l'engagement des industriels (Aptunion, Coopfruits Luberon, Conserves France et Maliargues) à absorber l'ensemble des vo-lumes de cerises destinées à la transformation. Plus innovant, les industriels cofinancent pour deux tiers un fonds (350 000 € sur cinq ans) pour relancer la production de cerises. Une dotation de 500 € par hectare et par an sera versée aux producteurs pour couvrir leurs charges avant l'entrée en production des nouvelles plantations.