PAC : le bilan de santé rend malade la Conf’
« La Commission européenne organise la disparition de l'élevage, des fruits et légumes et d'une partie de la viticulture », a déclaré hier à la presse le porte-parole de la Confédération paysanne Régis Hochart. Cette réaction fait suite au bilan de santé, dévoilé fin mai par Bruxelles. Elle intervient également au lendemain d'une intervention du ministre de l'Agriculture Barnier, auquel le syndicat prête l'idée de découpler les aides ovines pour bénéficier d'une redistribution des soutiens du premier pilier.
La forêt plus que la prairie
Plusieurs éléments du projet de réforme de la Pac font bondir le syndicat. Il s'agit en particulier de l'article 35, qui rend les surfaces boisées admissibles aux aides du premier pilier. L'article 6 complète cette disposition, en l'ouvrant aux prairies permanentes transformées en forêts. Une véritable aubaine pour les entreprises confrontées à un dépassement de leur quota d'émission de CO2, selon la Confédération paysanne. « De grosses sociétés, ayant une consommation d'énergie fossile importante, auront intérêt à investir dans des forêts. Le Massif Central sera racheté par Total ou Air France », a lancé Régis Hochart. Un autre article, le 38, est dans le collimateur du syndicat. Son utilisation pour redistribuer les aides du premier pilier au bénéfice des éleveurs s'avère impossible en l'état actuel. Bruxelles impose en effet que les soutiens soient totalement découplés. Lors d'une visite ces jours derniers dans les Deux-Sèvres, Michel Barnier aurait évoqué cette possibilité pour l'élevage ovin.
La Confédération regrette aussi l'absence de mesure en faveur de la production granivore (porc, volaille, lapin). Selon elle, la restructuration du secteur donnera naissance à de gros élevages et provoquera une diminution du nombre d'exploitations. Concernant le lait, la Commission reste accrochée à l'idée de supprimer les quotas. D'après le syndicat, la mesure aura pour effet de faire disparaître cette production de certains territoires.