PAC : la réforme inquiète les agriculteurs bretons
Les orientations nouvelles inscrites dans les projets communautaires (poursuite de la réforme de la PAC) ou nationaux (écotaxe, loi de modernisation de l’économie) pourraient fortement freiner l’agriculture et l’agroalimentaire bretons. C’est la thèse de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne qui en a fait la démonstration chiffrée, la semaine dernière en session, n’hésitant pas à parler de « cocktail explosif en cette fin d’année 2008 ».
Les Etats membres peuvent faire des choix en matière de modulation et de découplage des aides, dans la boîte à outils proposée par la Commission européenne. Or, les premières indications sur les arbitrages à venir de la France augurent d’un « prélèvement supplémentaire de 163 millions d’euros par an sur les aides directes », souligne la Chambre régionale. Qui ajoute qu’il s’agirait « d’une perte considérable » pour le revenu agricole breton.
Jacques Jaouen, président de la Chambre régionale ne rejette pas l’idée de prélever dans les régions riches pour les redistribuer aux régions les plus défavorisées, comme les zones de montagnes. Mais il rappelle que la Bretagne doit son succès agricole avant tout au nombre important d’exploitations, des petites structures dont le revenu moyen les place plutôt dans la seconde moitié des régions agricoles les plus riches de France.
Le gouvernement doit modifier sa feuille de route
Jacques Jaouen appelle les autres régions de l’Ouest agricole à rejoindre la Bretagne sur une plate-forme de revendications, de manière à convaincre le Gouvernement de modifier sa feuille de route sur la réforme de la PAC. Il est encore temps. « C’est fin janvier que la France devra arrêter ses orientations, et le dossier sera bouclé par l’Europe en juin », poursuit le président Jaouen.
Autre pierre dans le jardin du Gouvernement, la taxation du transport routier en Bretagne, actuellement en seconde lecture devant le Sénat. « Les amendements passés se révèlent encore insuffisants », poursuit Jacques Jaouen. Dans l’état actuel du texte, le produit de cette taxe reviendrait à ponctionner le transport routier de 150 millions d’euros dont 80 millions pour le seul secteur agroalimentaire breton « alors que sa marge nette n’est que de 160 millions d’euros », selon la Chambre.
Enfin, la Chambre régionale pointe du doigt la loi de modernisation de l’économie pleinement opérationnelle le 1 er janvier prochain. Pour être bien acceptée, cette loi doit contribuer à améliorer la répartition des marges entre producteurs et distributeurs. Les économistes de la Chambre ont constaté que l’écart de prix entre ce que paie le consommateur et ce qui est effectivement payé au producteur « s’est aggravé », déplore Jacques Jaouen.