Ovins : des ministres pour un plan de soutien
Un front de sauvetage du mouton s’est constitué vendredi à Limoges entre plusieurs États membres de l’UE. Réunis pour une conférence européenne sur la filière ovine, cinq ministres de l’Agriculture se sont accordés sur la nécessité d’un « plan de soutien » immédiat à ce secteur. « Les ministres ont souhaité que nous posions la question à la Commission européenne de savoir si dans le cadre des crédits non utilisés de la PAC, nous ne pourrions pas tout de suite et l’an prochain dégager un plan de soutien », a indiqué à la presse le ministre français Barnier, en sortant de la conférence sur « les enjeux et avenir de la filière ovine européenne ». Cette conférence a réuni les ministres de l’Agriculture roumain, Dacian Ciolos, et irlandais, Brendan Smith, ainsi que les secrétaires d’État espagnol et anglais.
Michel Barnier s’est par ailleurs engagé, dans le cadre de l’adaptation de la PAC, qui sera discutée lors du conseil des ministres européen de novembre, à « la rendre plus équitable » pour l’élevage ovin. Il a envisagé de « mobiliser, dès 2009, les DPU dormants, pour en attribuer une très grande partie à l’élevage ovin ». A l’image de tous les participants au colloque, le ministre a estimé que la filière ovine, est « en grand danger ».
Deux approches semblent se dessiner
« C’est une première victoire », a estimé Serge Préveraud. Le président de la FNO a adhéré aux propositions faites par l’actuel président du conseil agricole de l’Union européenne, qui restent des « intentions pour 2010 ». Reste en effet à les faire accepter par les 27, qui tiendront une réunion informelle du 21 au 23 septembre prochains à Annecy. Deux approches semblent se dessiner. L’une met l’accent sur la valorisation des bénéfices environnementaux de la production ovine. Londres la soutient.
L’autre vise au maintien de l’activité dans une logique économique, avec une hausse des aides directes. Madrid y est favorable, à travers l’utilisation de l’article 68 au sein du premier pilier de la PAC. « Ces deux approches ne sont pas incompatibles », a jugé Michel Barnier.
Le président du groupe ovin au Copa Cogeca Emmanuel Coste a lui souligné les progrès sur l’étiquetage des produits, qui vise à promouvoir l’origine Union européenne par rapport celle des pays tiers. « La question de l’étiquetage n’a jamais autant avancé que lors des six derniers mois », s’est-il réjoui. Un représentant de la Commission européenne a en effet promis, lors du colloque, la sortie d’un livre vert sur le sujet d’ici à la fin de l’année.
Un logo UE pour la viande ovine ?
L’idée d’un logo Union européenne sur la viande ovine fait partie des propositions du Parlement de Strasbourg, que le député européen Liam Aylward est venu défendre à Limoges. Son rapport suggère aussi de revoir les contingents d’importations, afin de lutter contre une concurrence déloyale, d’augmenter les budgets de promotion, de développer la Recherche & Développement, ou encore de rendre volontaire l’identification électronique des animaux.
Concernant le rééquilibrage des aides de la Pac, un intéressant point de vue a été apporté par le vice-président de la FNSEA Xavier Beulin. « On étudie un dispositif de solidarité entre les secteurs végétal et animal », a-t-il déclaré, en se positionnant à court terme. « Trouver un rééquilibrage paraît normal ». Pour 2013, le syndicat est favorable à des DPU flexibles. « Il n’est pas choquant de baisser les DPU en grandes cultures, en vue d’un basculement sur des productions qui en ont besoin », a estimé Xavier Beulin.
Par ailleurs, environ 300 éleveurs d’ovins ont manifesté en marge de la conférence, une vingtaine réussissant à s’approcher en dépit de l’important dispositif policier (lire également les Choses vues page 2). La Confédération paysanne a pu déployer sa banderole proclamant « ne nous laissons pas tondre ». Les réponses apportées lors de la conférence ne l’ont visiblement pas satisfaite.