Oui ou non
L’issue du débat est indécis. Il faut dire que le dossier est ardu et que l’on somme le peuple de se prononcer sur une question particulièrement technique. À l’Assemblée nationale, les tenants du «non» ont expliqué jeudi les risques que nous encourrions à nous lancer dans l’aventure. José Bové a stigmatisé dans les couloirs du Palais-Bourbon la logique «ultra-libérale» qui sous-tendrait la nouvelle voie qui nous est ouverte. Elle ne profitera qu’aux riches, a-t-il expliqué, et les pauvres, eux, en feront les frais.
Pas du tout, ont répliqué les parlementaires favorables au oui, qui ne comprennent pas ce refus du progrès. D’ailleurs, pourrions-nous être les seuls à refuser cette issue, alors que tout le monde va acquiescer ? Les OGM, c’est décidément un peu comme la Constitution européenne : un sujet sensible, complexe, que les citoyens n’ont pas bien compris et dont on se demande parfois pourquoi on a pris le risque de le soumettre à l’approbation publique. Mais c’est ainsi : aujourd’hui, 81 millions d’hectares sont cultivés en OGM dans le monde et 8,25 millions d’agriculteurs (dans 17 pays) ont planté des cultures génétiquement modifiées Chiffres publiés par Monsanto. Tandis qu’en France, la recherche piétine car les champs d’essais (27 sites sur 48 détruits par les anti-OGM en 2004), eux, sont piétinés. La mission parlementaire sur les OGM, qui rendait son rapport cette semaine, s’est prononcée à une très large majorité en faveur du génétiquement modifié, avant de courageusement proposer que l’on instaure une nouvelle « pause» sur les essais. C’est la différence avec la Constitution : dans un mois et demi, ce verdict là sera définitif.