Oser pour grandir... et réussir
L'agroalimentaire est « un secteur sous haute tension ». « Les marges se réduisent, les cours de matières premières sont de plus en plus volatils, les rapports avec la grande distribution restent trop déséquilibrés et les concurrents sont de grands groupes multinationaux. » Sans parler des guerres des prix fréquentes et « des révoltes de l'amont agricole régulières », « alors que les exigences sanitaires et environnementales se renforcent sans cesse ». Ce n'est pas l'Association nationale des industries alimentaires qui parle (même si on retrouvait les mêmes termes dans le discours de l'Ania la semaine dernière à Paris), mais Bpifrance Le Lab. Le laboratoire d'idées de la banque d'investissement va au-delà de ce constat en mettant en avant les stratégies gagnantes de certaines entreprises qui ont su s'adapter à cette situation, à la suite d'une étude menée auprès de 25 PME et ETI (entre mars et septembre 2014 via le cabinet Katalyse). Et là aussi, les conclusions sont proches de celles exprimées par Jean-Philippe Girard, président de l'Ania : « c'est l'innovation et l'exportation qui sont porteurs ». Comment Poult, Cémoi ou l'Européenne des desserts ont réussi à devenir incontournables dans les MDD ? Comment Fleury Michon ou encore Charles & Alice sont parvenus à compter parmi les marques les plus performantes ? En innovant et en différenciant leurs produits et leurs process, entre autres. Face à la pression toujours plus forte sur les prix, deux relais de croissance s'imposent : l'export et la croissance externe. Mais force est de constater qu'en dehors du secteur des boissons, beaucoup d'entreprises sont encore timides au-delà des frontières. Plus de soutien de l'État, plus d'effort collectif, changement d'état d'esprit chez les patrons, il y a encore du chemin à faire pour que l'agroalimentaire français retrouve sa place sur le podium des exportations mondiales. Quant à la croissance externe, 76 % du tissu de l'agroalimentaire français est encore constitué de TPE, le terreau est propice à la consolidation. Comme l'indique l'étude, il faut « oser pour grandir »... et réussir. N. M.