Orge : des prix qui rivalisent avec ceux du blé
L’orge, plus précoce, a moins souffert que le blé du mois de juillet caniculaire. La récolte 2006 se situe, en définitive dans une bonne moyenne à 10,1 Mt tandis qu’un stock de report important maintient les ressources largement au niveau de 2005-2006. Les ressources communautaires aussi sont larges et l’orge, qui avait connu une médiocre fin de campagne 2005-2006, attaque la nouvelle sans enthousiasme, d’autant moins que la Commission, soucieuse de dégager ses stocks d’intervention, ne fait rien pour aider l’orge marché libre à l’exportation face à la concurrence de l’origine mer Noire qui va prendre des positions majeures sur les marchés extérieurs. Mais, à partir de novembre, la conjoncture va se retourner au plan international, d’abord en raison de l’effondrement de la récolte australienne qui, comme celle du blé, a souffert de la sécheresse qui a frappé le pays. Les disponibilités exportables de ce pays vont s’en trouver considérablement réduites.
De son côté, l’Ukraine institue des contingents d’exportation se traduisant en premier lieu par des suspensions de licence d’exportation pour 360 000 tonnes, tandis que le contingent global pourrait être de 1,3 Mt alors que l’on en prévoyait 4 millions. Cette défaillance ukrainienne va entraîner des reports de la demande (Tunisie, Japon, Jordanie et surtout Arabie Saoudite) vers d’autres fournisseurs, dont l’UE, entraînant une rapide et forte hausse des prix de l’orge fourragère dont les cours rejoignent ceux du blé standard. Ce qui, aujourd’hui, remet en question la compétitivité de l’orge dans la fabrication des aliments du bétail. D’ailleurs, l’ONIGC a fait un pas en arrière dans ses estimations d’incorporation d’orge par les FAB en réduisant en décembre ces prévisions de 100 000 tonnes par rapport à ces précédents bilans, au profit du blé.
Pour ce même motif de prix, mais aussi en raison des reventes de stocks d’intervention, les perspectives de ventes à l’UE ont été légèrement réduites, mais les exportations pays tiers augmentées de 100 000 tonnes pour tenir compte de la moindre concurrence ukrainienne.
Le marché de l’orge de brasserie s’est développé à l’écart de celui de l’orge de mouture. Certes, les besoins mondiaux sont revus en baisse en raison de la fermeture de nombreuses malteries, mais l’offre de variétés brassicoles étant très serrée, les prix ont sensiblement augmenté (voir nos analyses hebdomadaires de marché).
Maïs : stocks mondiaux au plus bas
Malgré un rendement moyen national respectable de près de 84 q/ha, la production française de maïs a subi un fort recul de surfaces se traduisant par une récolte estimée à 12,2 la plus basse depuis 2003 et quelque 10% de moins qu’en 2005. C’est à peu près le niveau de baisse constaté pour l’ensemble de l’UE, mais les stocks de report considérables à l’intervention, notamment en Hongrie, font que les disponibilités européennes se situent à peu près au niveau de la précédente campagne. On pouvait craindre que le pléthorique stock hongrois vienne concurrencer le maïs français sur ses marchés de prédilection, le sud et le nord de la Communauté. Les gros problèmes logistiques qui se sont posés pour le déplacement de ces maïs d’intervention ont limité ce risque et nos débouchés ont été préservés. Ce qui a permis à l’office des grandes cultures de revoir en hausse de 250 000 tonnes ses précédentes estimations de ventes à l’UE. Sur les marchés intérieurs et communautaires, la demande de la part des fabricants d’aliments du bétail et des amidonniers a été soutenue et jusqu’à la fin de la première partie de la campagne, le marché et les cours du maïs se sont donc maintenus dans une bonne tendance, se révélant moins volatils que ceux des céréales à paille. Le sujet d’actualité au cours de cette première partie de la saison 2006-2007 qui se terminera avec un faible stock de report, c’est la probable suppression à plus ou moins court terme de l’intervention pour le maïs, mesure qui ne concerne pas, ou peu, la production française mais qui inquiète comme risque de précédent à un démantèlement plus profond de l’organisation du marché céréalier.
Mais l’événement maïs de cette campagne se situe au niveau mondial et plus précisément aux Etats-Unis. La récolte mondiale a été revue en baisse à 688 Mt (5 Mt de moins qu’en 2005) dont 273 Mt aux Etats-Unis (baisse de 4 Mt). La consommation mondiale, en revanche, est annoncée à 721 Mt, conséquence de la reprise de la production de volailles, mais surtout du développement fulgurant de la production Us d’éthanol carburant. Les stocks mondiaux tomberaient à 92 Mt, le volume le plus bas de ces 20 dernières années et les seuls stocks américains baisseraient de 50 % par rapport à 2005-2006. Le corollaire à cette chute des stocks c’est la hausse des prix ; ils ont atteint en cette première partie de campagne leur plus haut niveau depuis 10 ans sur le marché à terme de Chicago.