OGM : l’imbroglio à la française se poursuit
L’avenir des cultures OGM en France reste toujours aussi flou. Dernier épisode en date de la guerre des mots dont les cultures génétiquement modifiées font l’objet, la passe d’armes que se sont livrées ces derniers jours l’autorité européenne de sécurité alimentaire (ELSA) et le ministère français du développement durable et dans leur sillage les lobbyistes pro et anti-OGM. Vendredi, l’EFSA publiait sur son site internet un avis adopté le 31 octobre jugeant que le dossier d’information qui lui avait été soumis par la France en février pour justifier la décision du gouvernement de suspendre les cultures du maïs MON810 en France « ne présentait aucune preuve scientifique nouvelle qui invaliderait les évaluations précédentes du risque sur le MON810 ». Dans un résumé de l’avis (l’original - en anglais - compte 45 pages), l’EFSA estime aussi que rien, dans les arguments français, ne justifie la mise en place d’une clause de sauvegarde.
Début de polémique
Le ministère de l’Ecologie de Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet a réagi dès vendredi pour maintenir le moratoire français et rappeler que cette clause ayant été décidée dans le cadre du droit européen, il reviendrait au conseil des ministres européens, puis éventuellement à la Commission de décider de l’issue de ces débats. Le ministère a toutefois engagé un début de polémique sur le fond en regrettant « que l’Agence n’ait pas publié de compte-rendu de la rencontre qui a eu lieu début octobre entre les scientifiques français et une partie du panel OGM de l’EFSA ». La décision de l’EFSA a immédiatement provoqué un tollé chez Greenpeace ou la FNE.
L’avis de l’EFSA est pourtant « sans surprise », a réagi de son côté l’association française pour l’information scientifique (AFIS), partisane des OGM. « Le dossier de sauvegarde est scientifiquement vide », affirme l’association dans un communiqué qui demande « que l’intégrité scientifique dans l’élaboration des décisions politiques soit restaurée et que les leçons de cette déplorable affaire soient tirées ». Pour leur part, les sociétés semencières n’avaient pas réagi hier.