OGM : Limagrain se renforce en Inde
De notre envoyé spécial à Ahmedabad en Inde. Principal opérateur français en matière de recherche de végétaux OGM, le semencier Limagrain va consolider ses différents intérêts en Inde et y intensifier ses investissements en matière de biotechnologie, a indiqué hier le directeur Inde de l’entreprise, Rémi Bitoun, à l’occasion d’un déplacement de journalistes français sur place. « C’est triste de voir l’évolution de ce dossier en France, a-t-il commenté à propos du rejet du projet de loi OGM à l’Assemblée nationale. Ici il n’est pas question d’interdire bien au contraire ».
Limagrain est présent en Inde via deux filiales commerciales spécialisées dans les semences potagères : Clause Tezier India et Nickerson Zwan India. Le leader français des semences a également racheté en 2007 deux sociétés de recherche et de production de semences potagères : Ceekay Seeds and Seedlings à Bangalore et Swagath à Hiderabad. Ces différentes entreprises devraient fusionner dans une seule entité intégrant l’ensemble des activités du groupe en Inde dans le secteur potager. Cette société pourrait être baptisée Clause India. Les OGM sont prometteurs dans le secteur potager. Le numéro 1 des semences en Inde Mahyco (14 % de parts de marché) a conçu une aubergine OGM dont le dossier d’autorisation est très avancé. Mahyco en espère l’obtenir d’ici un an. D’autres projets sont également en cours d’examen en Inde, comme le chou et le chou-fleur Bt de Sungro et un okra (légume local) Bt et une tomate Bt par Mahyco.
En semences potagères et grandes cultures
Limagrain ne cache pas qu’il ambitionne de déposer à moyen terme un dossier en propre : « ce sera sur une semence potagère sur laquelle nous sommes forts en Europe et pour un OGM résistant aux insectes, a précisé M. Bitoun. Limagrain veut faire des OGM en Inde aussi bien en semences potagères qu’en grande culture ». Limagrain disposera pour cela d’un autre levier. Le groupe coopératif a acquis 5 % (soit 5 M Eur) d’Avesthagen, la 2 e société semencière indienne.
Avesthagen compte 400 salariés et est désormais valorisée à hauteur de 165 milions d’euros.
Limagrain dispose désormais d'un siège au conseil d'administration de cette start-up très prometteuse. «Nous souhaitons développer une collaboration structurelle avec la R&D publique indienne, précise Rémi Bitoun. Cette alliance va nous donner accès à une source de geneplasm, à des gènes pour OGM et à des savoirs en phytopathologie». «Je suis convaincu que l'Inde sera bientôt un grand pays des OGM», insiste-t-il, citant notamment les semences potagères, mais aussi le maïs, le riz et le blé. Si les autorités politiques mais aussi scientifiques indiennes regardent les biotechnologies végétales avec intérêt, le pays reste prudent, de crainte notamment de l'hégémonie de Monsanto et des risques portant sur les exportations indiennes. A ce jour, un seul végétal OGM est autorisé en Inde, il n'est pas alimentaire ; c'est le coton Bt. Ce dernier a cependant connu un succès retentissant dans le pays avec 300% de progression en 2006. L'Inde en est aujourd'hui le premier pays producteur.