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OGM : «il y a dans le public un grand déficit de connaissance»

Alain Toppan est directeur de recherche de Biogemma, l’entreprise française de biotechnologies appartenant aux groupes coopératifs Limagrain et Euralis. Les chercheurs de Biogemma et des agriculteurs donnent rendez-vous aux visiteurs du SIA au Pôle Nature-Vie, Hall 2-2, Allée B Stand 8. Ils veulent répondre aux « destructions répétées des travaux de recherche » et au « mauvais procès » fait aux OGM. Par ailleurs, le comité Cultura de Biogemma organise un débat les mercredi 2 et jeudi 3 mars à 17 heures et vendredi 4 mars à 18 heures sur le thème « pourquoi les essais aux champs sont indispensables à la recherche et au progrès de l’agriculture ».

Les Marchés : Votre objet est-il de défendre la recherche sur les OGM ou les OGM eux-mêmes ?

Alain Toppan : Il est difficile de faire la distinction entre la recherche sur les OGM et les produits qui peuvent en sortir, qui ne sont pas toujours des OGM ! On a besoin de l’outil OGM, qu’on peut utiliser comme marqueur pour ensuite procéder à une sélection conventionnelle. Mais parfois, c’est vrai, on sera obligé de passer par la voie OGM. Notre premier souci est d’expliquer, parce qu’il y a dans le public un grand déficit de connaissance.

LM : Quels a priori seront combattus à travers les animations pédagogiques ?

A. T. : Beaucoup de fausses idées sont véhiculées par des informations sensationnelles qui se révèlent fausses. Le papillon monarque (NDLR : chenilles intoxiquées en ingérant des feuilles saupoudrées de pollen de maïs Bt en conditions expérimentales) est un exemple. Une contre-expertise demandée par l’autorité scientifique américaine avait montré que ces études avaient été mal faites, mais l’annonce de ce résultat était tombée pendant les attentats de 2001 ; ça avait fait un flop. Le problème est que la polémique démarre avant que les résultats scientifiques soient validés. Les bruits médiatiques associés à la méconnaissance sont à l’origine du mauvais procès fait aux OGM. Il y a aussi une question idéologique. C’est le débat anti-mondialisation qui se cristallise autour l’OGM. Mais si on y regarde de près, la mondialisation a commencé bien avant la transgénèse et ça n’est pas la disparition des OGM qui la ferait reculer. On ne stigmatise pas autant la téléphonie ni la voiture !

LM : A travers quelles démonstrations allez-vous faire comprendre aux visiteurs non agricoles que les OGM sont aussi pour eux ?

A. T. : Je crois qu’il faut montrer qu’à travers la recherche impliquant des OGM, on peut résoudre un certain nombre de problèmes agricoles en réduisant certains impacts sur l’environnement. Une moindre utilisation d’eau, d’engrais azotés ou de pesticides participent à une évolution dans le bon sens. L’intérêt pour le consommateur est moins évident pour diverses raisons. Le coût des produits agricoles pèse peu dans le panier de consommation, et les applications dans le domaine de la santé sont, au moins dans les pays où l’on mange équilibré, sont très limitées. Il faut admettre que les principaux développements en Europe seront de nature agronomique.

LM : Vos animations Biogemma mettront en scène les « valeurs qui sous-tendent la recherche de Biogemma ». Parmi celles-ci, son opposition au brevet sur les variétés végétales. Pourquoi ?

A. T. : Aux Etats-Unis, les obtentions végétales sont défendues 20 ans par des brevets. Cela n’existe pas en Europe et c’est très bien. Nous sommes favorables au système actuel de l’Union pour la protection de l’obtention végétale qui fait que la paternité est reconnue mais pas confisquée.

LM : Pensez-vous que les débats de la « mission d’information parlementaire sur les enjeux des essais et de l’utilisation des OGM », qui viennent de s’achever, ont fait progresser la connaissance du sujet ?

A. T. : J’ai rencontré la mission à deux reprises. J’ai trouvé que le niveau des questions et l’intérêt des députés étaient très élevés. J’espère qu’il y aura des retombées favorables pour la recherche.

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