OEufs : production en baisse mais consommation maintenue
Le comité national pour la promotion de l’oeuf (CNPO) organisait mardi 21 novembre 2006 son assemblée générale à Paris. Reconnue en 1996 par les pouvoirs publics, l’organisation oeuvre depuis 10 ans à la cohésion de la filière et à la promotion du produit « oeuf » sous toutes ses formes.
Pour son assemblée générale 2006, le CNPO a voulu mettre l’accent sur les spécificités des différents pays producteurs européens. Des représentants des filières italienne, néerlandaise, belge, danoise et hongroise ont successivement pris la parole pour présenter dans les grandes lignes la production de leur pays et les politiques adoptées par chacun vis-à-vis des difficultés que connaît la filière.
Les questions de l’influenza aviaire et de la contamination des oeufs par les salmonelles ont été largement évoqués, mais c’est sur le bien-être des poules pondeuses que les différences entre pays sont les plus nettes.
La cause animale, une réelle force politique
À l’instar des États du sud de l’Europe comme l’Italie, la majorité des poules pondeuses françaises sont élevées en cages individuelles (plus de 80%), contre seulement 20% en plein air ou au sol dans des bâtiments. Les pays nordiques ont en revanche plus fréquemment recours à ces modes de production « alternatifs », les consommateurs étant généralement sensibles à ces questions et plus disposés à accepter un surcoût. De puissants lobbys de défense des animaux font en outre pression sur la filière, notamment aux Pays-Bas où les militants de la cause animale représentent une réelle force politique.
Pour les élevages conventionnels, l’Union européenne a adopté en 1999 une directive concernant le bien-être animal qui prévoit la mise en place de cages aménagées dans tous les élevages à partir de 2012.
Un mémorandum pour se donner du temps
Chaque poule devra ainsi disposer d’une surface au sol minimale de 750 cm 2 et d’installations jugées nécessaires à son bien-être comme un perchoir, une surface de grattage et des raccourcisseurs de griffes.
Sur ce dossier, la plupart des pays producteurs – dont la France - souhaitent bénéficier d’un délai supplémentaire d’application, pour faire face aux difficultés techniques et aux surcoûts engendrés. Une demande a d’ailleurs été formulée à la Commission en ce sens, sous la forme d’un mémorandum soutenu par le syndicalisme européen Copa-Cogeca. Touchés par une légère baisse de la consommation et inquiets de la concurrence de plus en plus vive exercée par les pays tiers, les acteurs de la filière européenne se seraient bien passés de ces nouvelles contraintes de Bruxelles. En France, la production 2006 est estimée à 907 000 tonnes, en léger recul par rapport à 2005 (930 000 tonnes). L’oeuf « en coquille » est toujours en tête de la consommation mais la croissance des ovoproduits ne se dément pas depuis plus de dix ans : ils représentent aujourd’hui le quart de notre consommation nationale, la moitié en Allemagne et jusqu’à 84% aux Pays-Bas ! Au total, chaque Français consomme en moyenne 250 oeufs par an, un chiffre qui semble se stabiliser après la baisse enregistrée entre 2000 et 2004.
A l’échelle européenne, on estime à 101 milliards le nombre d’oeufs produits en 2006 par les 25 pays de l’union (6,2 millions de tonnes), dont 80% proviennent des 15 membres historiques. Avec 20% des volumes européens, les dix nouveaux pays membres représentent une part conséquente de la production communautaire. Malgré une baisse des volumes produits ces deux dernières années, l’Union européenne reste autosuffisante à hauteur de 102%.