Nutrition animale : Ynsect sort de son cocon

anger des insectes ne fait pas saliver tout Mle monde. Mais l'idée de consommer des poissons qui se seraient nourris d'insectes est beaucoup mieux acceptée. C'est sur ce créneau que se sont lancés, en 2011, Antoine Hubert, Alexis Angot, Jean-Gabriel Levon et Fabrice Berro, en créant Ynsect, une entreprise spécialisée dans la production et la transformation d'insectes. La start-up a inauguré, le 8 juillet, son nouveau siège social et son centre de recherche et développement, au sein du Genopole d'Évry (Essonne). « La production à grande échelle commencera l'an prochain. Aujourd'hui, nous sommes à un stade pilote avancé, explique Alexis Angot, directeur juridique et financier d'Ynsect, avec une production de plusieurs dizaines de tonnes d'insectes par an. » L'entreprise élève principalement le ténébrion meunier, pour des applications dans la chimie verte et la nutrition animale. Sa larve, le ver de farine, est broyée et séchée pour fabriquer de la farine et de l'huile, qui entreront dans la fabrication d'aliments pour animaux.

« D'un point de vue réglementaire, en Europe, les insectes ne sont autorisés que dans l'alimentation des animaux de compagnie », précise Alexis Angot. Pourtant, « il y a des attentes fortes dans la pisciculture, qui cherche des alternatives à la farine de poisson. Ces farines, principalement issues de la pêche péruvienne, coûtent cher, car leurs quantités sont limitées. Les insectes sont une ressource alternative, produite localement et naturelle, les poissons se nourrissant de larves d'insectes à l'état sauvage ». Mais ce débouché n'est pas encore autorisé par Bruxelles. « L'interprofession des fabricants d'insectes (Ipiff) travaille à faire évoluer la réglementation », indique le directeur. En attendant, Ynsect construit une unité de démonstration industrielle à Dole (Jura) qui entrera en activité en 2016. « Ce n'est pas l'étape finale, mais ce démonstrateur nous permettra de produire des quantités significativement plus importantes et ainsi de développer nos relations commerciales », détaille Alexis Angot.