Nutri-Score : le passage en force

Lors du précédent quinquennat, Nicolas Sarkozy avait publié au JO du matin du second tour des élections présidentielles, ne devant pas le réélire, le décret mettant en vigueur la contestée écotaxe. Le quinquennat de François Hollande tente également jusqu’au dernier moment de faire passer ses mesures phare. Stéphane Le Foll a ainsi lancé dans les derniers jours ses certificats d’économie de produits phytosanitaires. Quelque peu contrecarrée par la Commission européenne, Marisol Touraine n’a pas pu publier son décret encadrant le système d’information nutritionnelle Nutri-Score, tellement promu par son père le Pr Serge Hercberg et soutenu par les associations de consommateurs. Le texte a été notifié à Bruxelles le 24 avril, et il faudra attendre un délai inflexible de trois mois pour recevoir sa réponse. D’ici là, le président aura changé, son gouvernement s’appuyant sur une nouvelle configuration du Parlement. Même s’il le voulait, pas sûr que le futur ministre de la Santé puisse alors publier le décret. Si le rapport du comité de pilotage de l’évaluation en conditions réelles d’achat, enfin rendu public la semaine dernière, met bien en avant les avantages nets du Nutri-Score par rapport aux autres systèmes (à l’exception de la couleur verte jugée ambiguë par rapport au bio), il s’interroge sur la conformité de logos synthétiques avec l’article 35 du règlement UE n^o 1169/2011 dit Inco. Or, cet article fixe les conditions de mise en œuvre des formes d’expression et de présentation complémentaires à la déclaration nutritionnelle. Afin de ne pas perdre la face, Marisol Touraine a trouvé la solution : obtenir l’accord de trois distributeurs et un (seul !) industriel, pour s’engager à utiliser Nutri-Score sur leurs marques propres, avant même le feu vert de Bruxelles. Et ce, devant journalistes et associations de consommateurs qui ont aussitôt appelé les autres fabricants et distributeurs à se rallier rapidement au « modèle d’étiquetage officiel ». Et Que Choisir de mettre en avant auprès des consommateurs son calculateur nutritionnel pour trouver la couleur des marques qui ne souhaitent pas adopter le système.