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« Nous manquons d’une politique alimentaire »

Le conseil national de l’alimentation (CNA) vient de rendre un avis sur la politique nutritionnelle qui estime qu’au-delà du programme national nutrition santé (PNNS), la France devrait mettre en place une véritable politique alimentaire. Philippe Guérin, président du CNA, nous explique comment.

LM : Dans un récent avis sur la politique nutritionnelle, le CNA estime que la France manque d’une véritable politique alimentaire. Que préconisez-vous pour aller dans ce sens ?

Philippe Guérin : Ce que l’on dit dans l’avis, c’est que la politique alimentaire est au carrefour de plusieurs politiques ayant trait au scientifique, à la santé, à l’industrie et à l’économie. Cette politique « au croisement » a évolué dans le temps en fonction du poids respectif de ces quatre forces. Elle dépend aussi de l’environnement au sens général du terme. En période de crise sanitaire, le scientifique l’emporte ; en période de chômage, l’économie ressort ; s’il y a une crise agricole, c’est la production qui prend le dessus. La politique alimentaire se fait souvent au fil de l’eau. Il manque une véritable anticipation des évolutions possibles. Ce n’est pas l’apanage d’un ministère plutôt que d’un autre, mais on pense qu’il faut des lieux où l’on discute, à froid, des intérêts souvent contradictoires. Les acteurs eux-mêmes doivent prendre part à ces discussions (consommateurs, producteurs, industriels, acteurs de santé publique…). Le CNA est un endroit qui le permet, il faut l’utiliser.

LM : Le CNA souhaite mettre en place un baromètre de perception de l’alimentation par le public. Pourquoi un indicateur de plus ?

P. G. : De plus ? Non ! Tout ce qui existe aujourd’hui est essentiellement tourné vers les aspects sanitaires. Il n’y a pas d’outil régulier permanent regardant toutes les dimensions dont nous venons de parler. Autrefois il y avait les enquêtes Insee qui ont progressivement disparu. Aujourd’hui, les chercheurs vous le diront, on n’a pas les outils pour analyser l’évolution de la consommation et des comportements alimentaires. On travaille sur des séries historiques comme on le faisait au XVIIIe siècle.

Au CNA, on a fait l’unanimité avec ce baromètre.

On l’a fabriqué et donné aux différents partenaires. Reste à voir comment ils le montent et comment ils le financent. En parallèle, nous avons mis en place un observatoire pour répertorier toutes les enquêtes existantes et essayer de les coordonner. La première réunion se tient début mars.

LM : L’autre idée de l’avis est d’intégrer la qualité nutritionnelle dans la certification des produits. Qu’est-ce qui a motivé cette proposition ?

P. G. : Il ne faut pas rêver, un jour ou l’autre il faudra passer au profil nutritionnel des aliments. C’est un sujet de controverse, mais au CNA on pense que c’est inéluctable. Il faut s’y préparer. L’impulsion viendra sûrement de l’Europe, d’où le danger de se faire imposer quelque chose. Dans notre avis, on dit à certains signes officiels de qualité et d’origine, posez-vous la question de l’utilité d’introduire des caractéristiques nutritionnelles dans leurs critères. Nous pensons qu’il faut se poser cette question. Par là nous jouons notre rôle : être un «incubateur de questionnement» (sic). Les autres sujets sur lesquels nous travaillons actuellement sont l’obésité chez les enfants, l’alimentation des personnes âgées et les intrants en agriculture. 

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