«On n’en a pas fini avec le yoyo des prix»
A l’issue des 24 e journées matières premières de l’Aftaa, mercredi 3 décembre, le constat est unanime : les matières premières de l’industrie de l’alimentation animale sont orientées durablement à la baisse. « Et cela pour les oléagineux comme pour les céréales, commente Patricia Le Cadre, animatrice de l’Aftaa. L’orge est au niveau du prix de l’intervention, il existe encore un potentiel de baisse en blé de même que pour le maïs. Ce sont les céréales fourragères qui mènent la danse et rien ne devrait changer la donne dans les deux à trois prochains mois. Ce genre de contexte engendre des couvertures à très court terme chez les fabricants d’aliments. Il leur a fallu passer rapidement des couvertures longues prises lors des cours élevés à des achats à court terme, il leur reste donc des contrats à long terme à digérer. La baisse du prix des aliments va donc se poursuivre ».
Campagne exceptionnelle
Les stocks de matières premières, sans être pléthoriques, sont corrects. Les professionnels ne s’attendent donc pas à une réduction de l’offre sauf catastrophe climatique majeure. « La seule incertitude pour le futur c’est bien la demande : comment la crise va-t-elle toucher les commodités agricoles ? Les productions animales n’ont pas le pouvoir. Il existe toujours dans le monde de l’argent à placer. Où les spéculateurs vont ils prendre position ? On s’attend à ce qu’ils sortent des commodités agricoles pour se positionner, comme dans toute période de récession, sur des bons du Trésor, des obligations voire sur le marché des actions. Ce qui est certain, c’est que la baisse actuelle des prix n’est pas synonyme de disparition de la volatilité. Et nous restons sur une tendance à la hausse des prix à long terme, » poursuit Patricia Le Cadre.
Comme l’ont montré les intervenants de la seconde table ronde (Benoit Cuvillier, producteur de porc, Jean-Charles Adenot, directeur de La Paysanne et Renaud de Kerpoisson, p-dg d’ODA), il faut continuer à travailler sur les outils de gestion de risque et sur la formation de tous les maillons des filières à leur utilisation. « Nous avons besoin de partager les mêmes informations et la même compréhension des enjeux. La conjoncture est doublement exceptionnelle : par l’ampleur de la crise financière, mais aussi par les volumes récoltés. En effet, l’année est marquée par l’absence de problèmes météorologiques partout dans le monde. Ne rêvons pas, nous ne reviendrons plus à des conjonctures de prix durablement bas, la volatilité est bien installée » estime Patricia Le Cadre. Pour autant, les filières peuvent saisir des opportunités, notamment dans les pays ou la demande en produits animaux émerge… Aller voir à l’Est tout en prenant le temps de bien connaître les acteurs et les spécificités locales. Les tickets d’entrée peuvent être élevés, il n’en reste pas moins possible d’y trouver des marchés porteurs. Mais chaque pays à sa spécificité : Pavlo Kacel (Adisseo Moscou) souligne qu’il vaut mieux aller seul en Russie alors que Witold Obidzinski (De Heus Pologne) et Jan Peter Van Ferneij (IFIP) préconisent l’identification de partenaires locaux dans d’autres pays de l’Est.