Négociations : la pilule est dure à avaler pour les Jeunes agriculteurs
Réunis à l'occasion de leur journée nationale, les Jeunes Agriculteurs (JA) vont mettre à profit ce regroupement pour expliciter la loi Chatel et la loi de modernisation économique (LME) à leur réseau. L'enthousiasme ne sera certainement pas de la partie, compte tenu des critiques formulées par les JA sur le texte présenté lundi dernier en Conseil des ministres. « Notre position est plus dure que celle de la profession. Il y avait un vrai enjeu avec la création d'un Observatoire des prix et des marges. Il s'est réuni une seule fois mais n'a finalement pas abouti à grand-chose » a regretté hier Philippe Meurs, président des Jeunes agriculteurs. Sur un prix du bœuf en indice 100, le président des JA déplore que le distributeur touche 40% du prix de vente en trois jours, soit autant que le producteur qui a travaillé pendant 20 mois sur ses bêtes.
Où part la différence de prix ?
La question des délais de paiement, ou encore de la négociabilité des tarifs reste secondaire pour les JA dont la priorité est de savoir où part la différence entre la production ou la distribution. Pour mettre un terme à ses disparités, l'organisation demande que l'Observatoire des prix et des marges devienne un outil de répression quand des distorsions manifestes sont constatées entre prix au départ et à l’arrivée.
« S'il n'y a pas d'Observatoire, ce sont les producteurs, les PME et l'emploi qui vont souffrir. Il ne restera plus que des grandes marques en rayon ». Hier après-midi, une table ronde a d'ailleurs été organisée avec la participation d'Alain Bazot (président de l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir) et de la DGCCRF, afin d'évoquer les problématiques et les alliances possibles entre producteurs et consommateurs, tous deux situés en bout de chaîne.
Pour peser un peu plus dans l'organisation économique des filières, un shéma qui a du mal à se traduire concrètement, les Jeunes agriculteurs évoquent également la réforme de la politique agricole commune et le mémorandum français envoyé à Bruxelles. Il vise à donner plus de poids aux interprofessions, qui pourraient alors gérer les stocks ou un dispositif d'assurances. Les déceptions observées vis à vis de la LME ne sont pas les seules, puisque les Jeunes Agriculteurs trouvent aussi à redire sur les résultats du Grenelle. Dans le vacarme des distributeurs et des pouvoirs publics, la production possède décidément une voix assez peu audible.