Moy-Park s’affiche comme un spécialiste « multiprotéïnes »
Son probable rachat par le groupe brésilien Marfrig influera certainement sur la stratégie industrielle future de Moy-Park France, une des entités du groupe Moy-Park en Europe, jusqu’ici propriété de l’américain OSI Group. L’entreprise, qui s’appuie sur une « business unit » constituée de trois sociétés (Moy-Park SAS, Kitchen Range et Albert Van Zoonen) dirigée par Joe O’Toole Le groupe Moy Park France englobe les activités de Kitchen Range implantée en Angleterre, celles d’Albert Van Zoonen implantée en Belgique ainsi que les deux établissements français (Hénin-Beaumont et Marquise) regroupés dans Moy Park France SAS. Le groupe Moy Park Limited comprend les activités implantées en Irlande du Nord et en Angleterre. et deux sites en France, a en effet connu des heures difficiles en 2007 et 2008. En cause ? La grippe aviaire bien sûr, mais aussi des hausses « que nous ne sommes pas arrivés à faire passer en totalité auprès des GMS alors que nos matières premières flambaient depuis 14 mois », a expliqué aux Marchés Philippe Chatelier, directeur général de Moy-Park France SAS lors d’une récente rencontre avec la presse. Conséquences : « un résultat net négatif à -10 M d’euros en 2007 qui aura beaucoup de mal à revenir en positif en 2008, d’autant que la baisse du pouvoir d’achats occasionne des baisses de consommation », a-t-il ajouté. A Hénin-Beaumont (500 salariés), Moy-Park a produit 26 000 tonnes de produits finis en 2007 pour un CA de 140 M d’euros (+23%), une hausse essentiellement due à la diversification dans le porc entamée en 2006. A Marquise où il emploie 93 salariés, Moy-Park a produit 5 500 tonnes de produits destinés notamment aux sandwicheries.
« Moy-Park est actuellement en train de finaliser ses objectifs 2009 avec le Brésilien Marfrig », a cependant promis Joe O' Toole, sans livrer plus de détails. Avec ses différentes acquisitions au Brésil et en Europe, le n° 4 mondial de la viande bovine est devenu le n° 9 de la volaille mondiale depuis avril 2008. « Et son appétit ne devrait pas le laisser à ce niveau-là », assure Joe O’Toole. Sans attendre le feu vert de la Commission européenne au rachat des activités européennes de Moy-Park par Marfrig à OSI, le staff européen de Moy-Park s’est réorganisé. En avril dernier, Nigel Dunlop a remplacé Trefor Campbell à la présidence du groupe. Pascal Sutter, nouveau directeur opérationnel chez Moy Park France SAS, est arrivé tout droit de chez Mumm. Il a intégré l’équipe en septembre 2007.
Des lignes réorganisées
Objectif ? Accroître la rentabilité des outils de production français et faire « la chasse au gaspi ». Un gros contrat pour la chaîne britannique Tesco a ainsi été rapatrié en Irlande du Nord en mai dernier mettant de fait deux des six lignes de production d’Hénin-Beaumont à l’arrêt pendant quelques temps. C’est donc une réorganisation des lignes de production et des diversifications produits qui se met actuellement en place pour satisfaire notamment ses nouveaux marchés.
Moy Park s’affiche désormais très clairement comme un producteur de « protéines animales » surfant sur les nouvelles tendances de consommation. Moy-Park a d’ailleurs déposé en janvier 2008 un dossier pour la mise au point de produits moins salés, moins gras au pôle Nutrition Santé Longévité (1,4 M d’euros).
Si Moy-Park a su se faire connaître avec des produits dérivés du poulet, le groupe va décliner son savoir-faire dans le porc et autres volailles (canard, pintade…) en jouant sur les complémentarités (notamment légumes) de ses usines belges et anglaises. L’entrée du n°4 du bœuf mondial devrait également ouvrir des horizons à de la viande bovine. « Peut-être l’année prochaine pourra-t-on vous présenter notre nouvelle ligne bœuf ? », a lâché Joe O’Toole, tout en assurant qu’il avait encore « beaucoup à faire dans le porc ». Une diversification qui a permis d’enrayer la baisse d’activités en volailles à Hénin-Beaumont.
Moy Park doit en effet retrouver de la compétitivité pour lutter contre le déferlement des produits cuits en provenance de Thaïlande (+50% en un an). « Et ce n’est pas fini puisque l’UE ouvre désormais ses portes aux produits chinois », a ajouté Philippe Chatelier. Ou quand le Brésil apprend à la France comment se défendre contre la volaille thaïlandaise…