Monsanto : «oui, les OGM ont une utilité»
Aux neufs ONG déjà reçues par Nicolas Sarkozy, le nouveau ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables Jean-Louis Borloo a confirmé lundi le cadre des discussions et le calendrier de travail du Grenelle de l’environnement, annoncé par Alain Juppé. Les OGM et la biodiversité, thèmes chers au ONG, devraient être au cœur des discussions fin octobre ou tout début novembre. D’autant plus que l’Allemagne a suspendu l’autorisation du MON 810 et que l’Agence européenne de sécurité alimentaire doit publier un nouvel avis sur l’évaluation des risques liés au MON 863.
Dans ce contexte, « je ne sais pas comment rentrer dans le Grenelle » s’interrogeait lundi Jean-Michel Duhamel, directeur de Monsanto Europe du Sud (dont la France) qui avait réuni la presse pour une journée d’échanges directs après plusieurs mois de discrétion. « On voudrait dire que les OGM ont une utilité. Ca apporte quelque chose aux agriculteurs et à la filière maïs, en améliorant la qualité du grain. Le maïs MON 810 plus résistant aux insectes est moins attaqué, présente donc moins de galeries et moins de mycotoxines », a ajouté Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles et industrielles de Monsanto France.
25 000 ha en France
Réaffirmant haut et fort la sécurité de ses produits, le semencier estime qu’il n’y a pas plus de 10 % d’agriculteurs dogmatiquement contre les OGM en France. 10 % étant dogmatiquement pour, reste à convaincre les autres 80 % de leur utilité. Un frémissement en faveur des OGM est déjà perceptible en Europe : 100 000 ha de maïs MON 810 auraient été semés cette année dont 60 000 ha en Espagne et 25 000 ha en France (selon les estimations de Monsanto). Pour l’avenir, le discours du semencier s’avère moins ambitieux qu’il y a une dizaine d’années. « Les OGM ne sont pas une fatalité, on les met sur le marché là où il y a une utilité », explique Jean-Michel Duhamel. En France, les maïs Bt devraient trouver une utilité dans le Centre et le Sud-Ouest où la pyrale est présente.
A moyen terme, 15% du budget de recherche de Monsanto sera destiné à développer un maïs résistant à la sécheresse que l’on ne devrait pas voir émerger sur le marché avant 5 ou 6 ans. Un programme de recherche en partenariat avec BASF de 1,2 milliard d’euros vise à augmenter le rendement de 4 cultures (maïs, soja, coton, colza) et leur résistance aux intempéries, comme la sécheresse. Parmi les autres axes de développement, Monsanto cite les maïs hybrides destinés aux biocarburants, les maïs génétiquement modifiés pour apporter des acides aminés comme la lysine entrant dans l’alimentation des volailles (dont la première génération a été commercialisée en 2006 en Amérique du Nord) et enfin du soja enrichi en oméga 3 (pas disponible avant 7 ou 8 ans).
Pour l’heure, les surfaces plantées en OGM dans le monde ont représenté 100 millions d’hectares en cumulé sur 10 ans et 20 millions d’hectares rien que pour l’année 2006 dont les trois quarts en maïs résistant au round up, on est encore loin de la révolution technologique attendue.