Moins d’aliments sans OGM en France

L’alimentation animale consomme en France environ 4,5 millions de tonnes de tourteaux de soja. Un peu moins d’un quart de ce volume serait non étiquetable, c’est-à-dire que son taux de contamination fortuite et techniquement inévitable en OGM ne dépasse jamais 0,9 %. Entre les années 2002 (24 %) et 2007 (22 %), le marché français aurait vu sa demande se réduire. Une tendance qui se poursuit si l’on en croit l’évolution sur le port de Montoir (Saint-Nazaire), principale place d’importation de soja en France. Il a reçu, en 2007, 1,7 million de tonnes de tourteau de soja, dont 29 % inférieur à 0,9 %. La proportion s’est légèrement dégradée en 2008 : sur 1,750 million de tonnes, 26 % étaient « non étiquetable ». Là comme ailleurs, l’offre influe sur les prix : ainsi, l’hiver 2007-2008 a été marqué par un manque de marchandise « indemne » et la prime entre soja 0,9 % et soja étiquetable s’est envolée, jusqu’à 80 euros par tonne. Aujourd’hui c’est l’inverse, les deux types de soja étant quasiment au même prix. « On ne peut pas parler d’un problème d’offre, mais plutôt d’approvisionnement, car la logistique est d’autant plus difficile que les volumes sont petits et que la visibilité de la demande n’est pas assez claire sur du long terme » soulignait Patricia Le Cadre, directrice adjointe du Céréopa, lors de la session Aftaa (Association française des techniciens de l'alimentation et des productions animales), le 18 juin dernier.
Autres produits potentiellement étiquetables : l’huile de soja et les coproduits du maïs, quand ils sont issus de graines OGM. Selon Patricia Le Cadre : « L’huile de soja triturée en France est étiquetable ». Dans le champ du maïs et de ses coproduits, la question ne se pose pas pour l’instant pour les productions françaises, puisque l’interdiction de culture OGM est en place. Les corn gluten feed importés sont potentiellement étiquetables. De fait, plus pour une question d’autorisation asynchrone des événements OGM entre les EU et l’UE que pour une question purement OGM, les importations européennes de Corn gluten feed ont chuté de 72 % entre 2006 et 2007, mais la France n’est pas importatrice.
Les additifs, arômes, acides aminés, vitamines produits par fermentation qui ne seraient pas totalement purifiés sont étiquetables. Il n’en existe pas d’étiqueté sur le marché français et certains (comme les phytases) sont cependant interdits en production bio.
Enfin, le colza commence à faire parler de lui. Car notre dépendance protéique et les besoins des unités de biocarburants pourraient faire entrer des colzas OGM à terme.
Au total, un peu moins du tiers des aliments pour animaux produits en France seraient exempts d’organismes génétiquement modifiés, que ce soit via du soja <0,9 % ou par l’exclusion de matières premières susceptibles de contenir des OGM (formules sans soja). Le surcoût de l’utilisation de soja <0,9 % varie entre 0,5 et 1,4 % du poulet label en grande distribution selon le Céréopa, qui pense que cet impact devrait être encore moindre en porc. Soit 0,01 €/kg de poulet Pac.