« McKey milite pour un modéle d’élevage durable »

Les Marchés : Lors du dernier Salon international de l’agriculture, Mc Donald’s a annoncé des « concertations » avec ses filières d’approvisionnement en vue d’améliorer l’impact de son activité sur l’environnement et notamment l’émission de gaz à effet de serre (GES). En viande bovine, dont McKey est le fournisseur pour les restaurants de McDonald’s, quels sont les facteurs d’amélioration ?
Catherine Choquet, manager filières et risques produits de McDonald’s, prend la parole :
Le « bilan carbone » de l’ensemble du périmètre de l’enseigne en France fait apparaître que 69 % des émissions de gaz à effet de serre viennent des produits alimentaires. Pour la seule filière bovine, l’élevage représente 90 % de ces émissions. C’est pourquoi nous avons décidé de nous focaliser sur ce point. McKey et McDonald’s ont signé un partenariat avec l’école d’ingénieurs de Purpan pour que les étudiants, assistés d’enseignants chercheurs, conduisent une étude sur la maîtrise et la réduction des gaz à effet de serre à l’échelle de l’exploitation agricole.
Les Marchés : Où en est la recherche scientifique aujourd’hui ?
Eric Forin : Nous sommes également partenaires, au côté de Valorex Valorex valorise les graines d’oléagineux, notamment de lin. Cette filière a beaucoup travaillé sur les bénéfices « santé » de l’alimentation riche en lin, moins sur les « bénéfices » environnementaux d’une telle ration., d’une expérimentation menée par l’Inra sur les causes des émissions bovines et sur les moyens de les réduire à la source, en agissant sur l’alimentation des animaux. L’idée, c’est de comparer les conséquences sur les gaz à effet de serre d’une ration « classique » et d’un régime à base de graines de lin, riche en amidon et en lipide, réputé favorable à la digestion. Les essais sont menés depuis octobre 2008 dans une ferme expérimentale de l’Inra, près de Bourges, sous la direction de Michel Doreau, directeur de recherches à l’unité de recherche sur les herbivores. Durant deux ans, le comportement de 70 taurillons charolais sera examiné. Les échanges respiratoires des animaux sont mesurés grâce à des capteurs situés dans le rumen et la mâchoire. Ils permettent d’estimer les rejets de CO2 et de protoxyde d’azote.
Ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir disposer d’éléments de mesure objectifs. Nous devrions disposer des premiers résultats d’ici à l’automne 2009.
Les Marchés : En vous associant à ces démarches, ne craignez-vous pas de pointer indirectement du doigt la responsabilité de l’élevage bovin dans le réchauffement climatique, alors même que la filière bovine essaie de mettre en avant les bénéfices environnementaux de l’élevage, notamment à l’herbe ?
E. F. :Non. Tout d’abord parce que la contribution de l’élevage aux émissions de gaz à effet de serre a baissé d’environ 10 % sur 10 ans, en raison de la baisse du cheptel. Ensuite, parce que d’après Michel Doreau, sa responsabilité n’est avérée que dans 10 % à 20 % des émissions totales de gaz à effet de serre, alors qu’elle était sans doute au moins le double il y a un siècle. Mais on ne peut pas pour autant balayer cette question d’un revers de la main. On ne peut surtout pas laisser d’autres secteurs, comme l’industrie automobile, faire valoir leurs actions contre le réchauffement climatique sans agir. Selon moi, la contribution environnementale est une bonne entrée en matière pour faire valoir le professionnalisme de la filière bovine. Il n’est pas exclu qu’à terme, nous fassions du respect de certaines bonnes pratiques environnementales un préalable au référencement chez McKey.
Les Marchés : Au-delà de votre participation à ces travaux scientifiques, vous voyez donc plus loin ?
E. F. : Oui, nous voulons intégrer cette concertation dans une réflexion plus globale sur un modèle d’élevage bovin « raisonné et durable », qu’il est indispensable de concevoir dans la perspective de l’après-Pac, quelle que soit l’issue des négociations. Nous avons aussi intégré dans le travail demandé aux élèves ingénieurs de Purpan une autre étude, économique celle-là, sur les différents modèles de production bovine visant à une rationalisation et à une sécurisation économique des productions bovines, tout en aboutissant à une optimisation des coûts par une meilleure valorisation des matières premières.
Les Marchés : Vous ne craignez pas non plus de valoriser a priori un modèle par rapport à un autre ?
E. F. : Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’introduire une querelle entre cheptel laitier et à viande. Nous nous fournissons chez des industriels de l’abattage en quartiers (avants essentiellement) d’animaux provenant à 65 % ou 70 % d’animaux du cheptel laitier ou mixte, le reste du troupeau allaitant. ça n’est pas la question. Notre souhait, c’est de participer à la définition d’un modèle durable d’exploitations agricoles, qui permette de disposer d’une production programmée et adaptée à la demande, avec des cycles d’élevage plus courts. Nous avons une responsabilité auprès de la filière dans ce domaine. 53 à 55 % de nos approvisionnements en viande sont d’origine française Les autres fournisseurs sont l’Irlande et les Pays-Bas (18 %).. McKey, comme l’ensemble de ses partenaires, a besoin d’une offre française suffisante, compétitive et ne subissant pas de violents à-coups du marché. Comme vous le savez, nous souffrons actuellement d’un rééquilibrage brutal du prix de la carcasse, avec des cours des avants historiquement hauts. La crise économique y est pour quelque chose, avec une demande croissante en steak haché. Mais une bonne gestion du marché en amont nous permettrait de lisser ces soubresauts.