Mariann Fischer Boël a battu la campagne française
Mariann Fischer Boël, commissaire européenne à l'Agriculture aime les bains de foule et montrer qu'elle connaît et s'intéresse à l'agriculture. Venue écouter les doléances des producteurs de la région des Pays de Loire mardi dernier sur l'exploitation de Yves et David Cottineau, éleveurs de bovins et arboriculteurs sur la commune de Saint Herblon en Loire-Atlantique, elle a senti l'ensilage de l'exploitation avant de s'exclamer : « Ah oui, il est bon ! » et foulé la prairie où paissaient les bovins. Mis en confiance, les agriculteurs ont évoqué les points positifs et négatifs de la Pac actuelle et à venir.
Au rang des effets positifs, la monnaie unique a été considérée comme un bienfait au même titre que le démantèlement des montants compensatoires, les conditions de travail en maraîchage ou encore le couplage des droits à la prime vache allaitante. Au chapitre des effets négatifs, le découplage a fait perdre déjà 15 à 20 % de la production de jeunes bovins à la région en 5 ans. Les producteurs de légumes et les éleveurs de porcs craignent une perte de la maîtrise de leur marché tandis que les spécialistes de la brebis déplorent le faible niveau des DPU et le déclin de la filière. Enfin, les producteurs laitiers souhaiteraient un prix minimum pour améliorer leur revenu. Mariann Fischer Boël a apparemment été surprise de l'inquiétude des agriculteurs face à la nouvelle Pac, elle qui estime que les discussions avec les agriculteurs sont aussi nécessaires que celles qu'elle engage avec le ministre de l'Agriculture.
Les OGM, un sujet de discorde
Prendre la température dans les régions est une bonne opportunité pour la commissaire (qui a également visité le Sial cette semaine) de faire passer son message et de reformuler ses convictions. Elle a particulièrement insisté sur le fait que la réforme concernant la production laitière doit se faire en douceur avec par exemple une augmentation des quotas de 1 % par an sur 5 ans. Ces entrevues sont également l'occasion de préciser à chaque fois que Bruxelles n'est pas toujours responsable. Ainsi de la rigidité du système de distribution des quotas laitiers ou de la répartition des aides pour les cultures. A ce sujet, des discussions sont en cours avec le ministère de l'Agriculture pour redistribuer le paiement direct de la prime à l'herbe.
Quant au besoin de sécurité face au marché, Mariann Fischer Boël est convaincu que le DPU est un outil efficace. « C'est aux agriculteurs de s'organiser, de savoir ce qu'ils veulent produire et combien. » La commissaire européenne s'est aussi longuement étendue sur les OGM, un sujet qui n'avait pas été abordé par les producteurs : « Je sais que la France fait de la résistance. Mais je crains que les coûts de production plus élevés que cela va engendrer vont entraîner une forte baisse de la production et une hausse significative des importations de viande, les consommateurs étant sensibles aux prix. » Soulignant la sortie du livre vert le 15 octobre sur la qualité, Mariann Fischer Boël estime que l'Union européenne doit mieux communiquer sur les produits de qualité et qu'il est nécessaire que l'on arrive à produire notamment des produits laitiers transformés à des prix raisonnables auprès des pays émergents.