Marchés de gros : l'heure de la reconquête
Une première chose : il faudra encore attendre pour la publication du décret d'application de la loi sur le statut des Min. En lecture actuellement du côté de Lyon (c'est finalement le marché le plus concerné par le texte), il doit encore passer au Conseil d'État pour une promulgation que l'on espère à la mi-juin. La situation peut paraître frustrante aussi bien pour les grossistes lyonnais, qui doivent commencer à trouver le temps long, mais aussi pour les autres marchés. Cependant, il serait dommage qu'un texte primordial pour les marchés de gros soit « retoqué» très tôt ou ouvre un boulevard à des interprétations variées en raison d'une trop grande précipitation.
Le marché aménage le territoire
Et cela d'autant plus que la réunion de printemps de l'Union mondiale des marchés de gros (à l'invitation du Min de Nice qui fêtait son 40e anniversaire au même moment) a souligné un fait important : les marchés ont une vraie volonté de profiter de l'atonie de la grande distribution. Le président de l'UMMG, le Portugais José-Augusto Ramos-Rocha a pris un évident plaisir à présenter les différentes actions menées à travers le monde par les marchés pour renforcer les relations avec le détail traditionnel et la restauration (Barcelone, Australie, Allemagne...).
C'était aussi une occasion de souligner les dérives financières bien connues, mais aussi logistiques, que la prédominance des centrales d'achats de la GMS ont entraîné jusqu'à présent : « Il arrive des choses bizarres avec (elles),a-t-il décrit. Que pensez d'un produit agricole qui parcourt 300 km pour atteindre un entrepôt et qui ensuite doit repartir dans l'autre sens pour revenir à un point de vente ?» « Aménageur du territoire », les marchés doivent désormais profiter de la proximité de la production pour mettre l'accent sur la qualité des produits et sur une logistique service performante.
Les différentes interventions lors de ces deux jours au Palais de la Méditerranée tournèrent autour de cette reconquête à entreprendre. Les fruits et légumes (21 Mt commercialisés par les 92 marchés de l’UE) furent souvent évoqués. Spécifiquement dans le cas de la restauration : Jacques Marini, responsable achats BNP Paribas, a incité les professionnels à raisonner en terme de portions et non plus en tonnage, propos relayés par Bernard Piton, de l'UNCGFL, qui préconisait de développer une vrai offre dédiée afin de faire de cette branche « le secteur vitrine de la filière ». Pareillement, Alain Turion, grossiste à Nice, a dressé un tableau impressionnant de précision de la distribution française de F & L. Beaucoup de grain à moudre donc, pour les marchés que l'on n'avait pas vu aussi positifs depuis longtemps.