Malaise dans la filière bio ?
À l’heure où nous mettons sous presse, Emmanuel Macron n’a pas encore annoncé les premières mesures résultant du chantier 1 des états généraux de l’alimentation (EGAlim). Difficile de s’engager à l’avance sur la satisfaction des représentants industriels et agriculteurs sur la question des relations commerciales, élément crucial de ces travaux. Sans trop prendre de risque, on peut en revanche d’ores et déjà écrire que les acteurs de la filière bio ressortent de cette première étape tout endoloris. Pour ne pas dire KO debout… Enfin presque. « Travert, les carottes sont-elles cuites ? », « EGA : que du bla-bla, que des tracas », « EGA : le dialogue, tu te fous de moi ! » : mercredi 10 octobre au soir 50 organisations de la plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire dont la Fnab, Réseau Civam, la Fondation pour l’homme et la nature prévoyaient de lâcher ces slogans lors d’une manifestation rue de Varenne. S’offusquant contre plusieurs décisions du ministre de l’Agriculture (suppression des aides au maintien bio, recul sur l’interdiction du glyphosate, mise en œuvre provisoire de l’accord Ceta), elles souhaitaient ainsi marquer leur mécontentement. Pour rédiger ce dossier, la rédaction a eu du mal à faire parler des professionnels, d’habitude plutôt diserts sur un marché où évoluent nombre de passionnés. Y a-t-il un malaise dans le bio depuis que le gouvernement a annoncé l’arrêt de financements et renvoyé la responsabilité de soutenir la production aux acteurs du marché en soumettant l’idée d’un fonds privé défiscalisé ? Biocoop, qui s’était exprimé le 31 mars dans nos colonnes sur l’idée de créer un fonds avec d’autres acteurs du bio (géré par un gestionnaire de fonds) et doté de 50 à 100 millions d’euros, n’a pas répondu à nouveau à nos questions sur le sujet (question d'agenda ?). Serait-ce plutôt à cause du trublion (toujours le même Michel-Édouard Leclerc !) qui s’est récemment exprimé en faveur d’un fonds pour le bio ? Et ce, alors qu’il se montre très offensif sur le marché, toujours avec son arme préférée des prix bas.