Mairet investit dans le traitement de ses effluents
> Jean-Vincent Mathieu, directeur de l'abattoir Mairet.
Pour la volaille de Bresse, seule AOP Volaille en France, il faut ce qu'il y a de mieux (voir page suivante). Conscient de faire partie intégrante de cette filière, l'abattoir Mairet, implanté à Simard au cœur du bassin de production de l'AOP, met tout en œuvre pour soigner cette viande à la chair délicate. Cette année, afin d'absorber les effets environnementaux dus au pic de production de fin d'année, l'entreprise a décidé d'investir 300000 euros dans l'acquisition d'une station de prétraitement de ses effluents. Jusqu'à maintenant, Mairet louait une station de prétraitement sur la période de fin d'année. Cette solution consiste à ajouter dans un bassin de récupération un floculant qui va faire remonter à la surface les graisses issues de l'abattage et de la préparation des bêtes. Ces graisses seront ensuite récoltées et traitées par un équarisseur.
“ Entre l'IGP et l'AOP, le Prince de Bourgogne sera lancé en septembre
Si la stratégie de l'entreprise reste de pérenniser son activité en respectant les normes de rejets à la station d'épuration, elle n'en n'oublie pas pour autant son développement économique. En effet, Mairet qui fait déjà figure d'exception dans le paysage des abattoirs de volaille – puisqu'il est entièrement manuel (56 salariés dont une quarantaine à la production) – prépare, pour septembre, le lancement d'un nouveau produit. Baptisé le Prince de Bourgogne, il s'agit d'une volaille label Rouge qui a nécessité plus de cinq ans de travail. La souche utilisée est une volaille fermière à croissance lente. Les bêtes sont élevées durant 94 jours en plein air avec une alimentation spécifique. Le produit obtenu se positionne entre la volaille de Bourgogne IGP et la volaille de Bresse AOP.
Pérenniser la filièreParallèlement, et afin de verrouiller ses approvisionnements, l'entreprise poursuit sa politique d'aide aux éleveurs. Elle finance 20 €/m2 construit afin d'encourager les exploitants à agrandir leur cheptel et diversifier leur pro-duction. « Nous ne manquons pas de matière première pour l'instant mais le sujet est sensible. Notre rôle en tant que dernier maillon de la chaîne est aussi de pérenniser la filière », explique Jean-Vincent Mathieu, directeur de l'usine.
Si Mairet travaille essentiellement avec les bouchers (65 % de son chiffre d'affaires), l'entreprise se développe aussi en grande distribution. Elle noue un partenariat avec l'enseigne Carrefour depuis 1987. Pour Jean-Vincent Mathieu, directeur de l'usine : « L'évolution de la grande distribution, avec le développement des enseignes de proximité comme Carrefour Market est une aubaine. En effet, les consommateurs qui fréquentent ces magasins sont à la recherche de produits frais de qualité ». Philippe Gaudillat, responsable alimentaire de Carrefour à Chalon-sur-Saône voit dans ce partenariat un véritable échange gagnant/gagnant puisque : « le référencement de produits de qualité et de proximité nous permet de fidéliser notre clientèle ». Carrefour représente aujourd'hui 3,5 % du chiffre d'affaires de l'entreprise.
Créé en 1948, Mairet est aujourd'hui un des plus gros abattoirs de volaille de Bresse AOP avec un volume de 3 600 poulets de Bresse par semaine. Outre l'AOP, l'entreprise abat aussi 4 500 poulets des Amis, 4 400 coquelets, 1 000 poules, 180 coqs, 700 pintades standards, 2500 pintades fermières, 7200 poulets fermiers noirs de Bourgogne, 800 poulets fermiers jaunes des Dombes, 500 canettes, 130 canards et 1 500 cailles. À Noël, s'ajoutent les produits spécifiques comme le chapon fermier, la poularde de Bresse ou la dinde de Bresse. Au total, Mairet traite 3382 tonnes de vif par an pour un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros avec un effectif de 56 personnes.