Logistique : les IAA doivent se grouper
«Les industriels ont intérêt à se grouper pour massifier leurs flux auprès d’un prestataire logistique dont c’est le métier », tel est l’enseignement qui ressort d’une étude prospective sur la logistique du froid, menée pour le compte d’Oblog et du groupe STEF-TFE qui tenait mardi une université européenne du froid et de la logistique agroalimentaire au Stade de France. « C’est une réalité, les camions ne sont pas pleins. On transporte aujourd’hui beaucoup de vide et beaucoup de bois (il y a beaucoup trop de palettes) », constate Thierry Courtiol, consultant du cabinet Newton Vaureal Consulting qui a mené l’étude qualitative auprès d’une trentaine d’acteurs européens de la filière du froid agroalimentaire début 2008. Ce phénomène résulte du doublement en dix ans du nombre de références en produits frais et des délais de livraison de plus en plus courts imposés par la GD.
Ni économe, ni écologique
« Aujourd’hui nous sommes dans la logistique de l’urgence. Il y a dix ans le poulet de Loué était livré 2 à 3 fois par semaine dans les magasins. Aujourd’hui c’est 6 jours sur 7 en A pour C », illustre le consultant. Les industriels se plaignent en outre du manque d’information au sein de la filière. « On n’a pas de prévisions des distributeurs et on est souvent surpris par des promos », confie un industriel aux enquêteurs.
Cette désorganisation se traduit dans les rayons par des ruptures coûteuses pour l’industriel (environ 60 % du prix du produit). Conclusion : « en logistique du froid, nous sommes sur un schéma qui n’est pas optimal sur les plans économique et écologique », résume Thierry Courtiol. Or 1 kg de produit agroalimentaire frais parcourt en moyenne 140 km, ce qui représente chaque année 60 milliards de tonnes-km de produits frais transportés en Europe. La logistique représenterait entre 6 et 15 % du prix de vente du produit. « Ces coûts vont être de plus en plus rendus transparents. Il y a là un gisement d’économies possibles », estime le consultant. La solution, selon les différents acteurs interrogés, ne passe pas forcément d'abord par la technologie coûteuse de la RFID, le transport en tri-températures, ou l'automatisation des entrepôts.
En revanche, un consensus semble se dégager sur la nécessité de mieux collaborer au sein de l'entreprise, entre industriels et entre industriels et distributeurs. «Il faut collaborer pour planifier, massifier et optimiser les flux», affirme Newton Vaureal Consulting. Les logisticiens, comme STEF-TFE, seraient la clef de voûte du système, jouant le rôle d'interface d'optimisation logistique et de pilote de flux. Pour ce faire, le cadre juridique devrait être modifié pour permettre au prestataire de passer d'un statut de mandataire à celui de commissionnaire. Dans le débat actuel sur la négociabilité des tarifs, Thierry Courtiol propose aussi de sortir la logistique des conditions générales de vente pour permettre l'optimisation conjointe des coûts entre industriels et distributeurs.