L’invité surprise
L’actualité agricole la plus brutale semble prendre un malin plaisir à s’inviter lors de la fête annuelle du monde agricole. Quitte à gâcher l’ambiance. Lorsque ce n’est pas une crise économique qui surgit en toile de fond, c’est un canard malade du H5N1 qui choisit les marais français pour passer l’arme à gauche. Cette année, le calendrier politique a imposé que le gouvernement français annonce la « réorientation » partielle des aides européennes en plein milieu du salon de la Porte de Versailles. L’allocution de Nicolas Sarkozy, jeudi dernier dans le Maine-et-Loire, largement consacrée au soutien aux productions à l’herbe, semble indiquer qu’il sera donné raison aux éleveurs, en partie contre les céréaliers. Cela promet, en plein salon, le déclenchement d’un psychodrame dont la plus grande ferme de France se serait bien passée. Il se murmure déjà que certains, dans les organisations céréalières, pourraient à nouveau brandir le spectre d’une scission au sein du syndicalisme agricole. Mais le pire n’est pas toujours à craindre. De cette semaine du salon de l’agriculture, il est plus probable que les Français ne retiendront que les aspects séduisants pour la population urbaine : une profession agricole tournée vers le bio, l’agrotourisme, les énergies renouvelables, etc. Encore une fois, on regrettera que cette présentation ne soit qu’un vaste trompe-l’œil pour l’opinion, l’essentiel de l’agriculture productive étant largement occulté lors des principaux temps forts du salon. Mais la communication a des raisons que l’économie, manifestement, ne connaît pas.