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L’intensification fait-elle chuter le revenu ?

L’agriculture se trouve devant le défi de devoir améliorer la productivité des autres facteurs que le travail.

L’Inra a publié mardi une étude de Jean-Pierre Butault, suite à une requête de la Commission des Comptes de l’Agriculture de la Nation sur l’évolution récente des revenus agricoles en France (Les Marchés du 5 juillet dernier) L’étude a été menée en France sur la période 1990-2004. Les recherches mettent en évidence deux périodes distinctes : avant 1998 et après.

La productivité entre 1990 et 2004 connaît une progression très faible par rapport à la hausse de celle-ci depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Elle s’élève à 1,08 % par an de 1991 à 2003, soit deux fois moins qu’entre 1974 et 1991. La croissance de la productivité est, en moyenne, de 1,80 % par an entre 1990 et 1998, et de seulement 0,11 % pour 1998-2004.

Pour cette première période, l’effondrement de la population active agricole est l’une des principales causes du gain de productivité, car cette chute des UTA fait d’autant progresser la productivité du travail (+ 4,55 %), étant donné qu’il y a moins d’actifs à travail équivalent. Malgré une diminution des prix, « le prix du travail agricole, qui correspond au revenu net d’entreprise agricole (RNEA) par actifs non salariés (UTANS)» augmente de 5,36 % par an.

Un manque de productivité ?

Après 1998, ce rapport diminue sans interruption jusqu’à 2004. Le montant des aides directes est proportionnellement moins important, mais ces subventions moindres ne semblent pas, selon l’analyse de l’auteur, être la cause principale de la baisse des revenus agricoles. La stagnation de la production apparaît comme une explication plus pertinente.

L’arrêt de la croissance de la production est dû à « la succession de conjonctures défavorables telles que la crise de l’ESB ou la sécheresse de 2003 ». Le fort ralentissement de la production occasionné fait baisser la productivité des consommations intermédiaires, « alors que le travail diminue moins que dans la période précédente ».

Le modèle agricole français remis en cause

Le modèle « intensif », qui est encore aujourd’hui le plus courant dans l’agriculture française, n’a pas su se montrer suffisamment flexible pour permettre une adaptation suffisante de l’exercice agricole. La baisse des prix ne pouvant plus être compensée par une production en stagnation, les revenus par actif familial a diminué. « L’agriculture française se trouve devant le défi de devoir améliorer la productivité des autres facteurs que le travail», estime J-P Butault. L’auteur fait allusion aux consommations intermédiaires et au capital. « Mais ces résultats montrent qu’elle (l’agriculture) peine à le faire dans la dernière décennie».

Plus que le travail des exploitants, l’auteur critique un système trop fixe et pas suffisamment adaptable, responsable de « l’essoufflement de la productivité » et par conséquent de la baisse des revenus agricoles.

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