L'industrie développe ses contrats en Provence
> Raphaël Rouvière, président-directeur général de Gielly SA.
Dans le Grand Sud-Est de la France, les industries agroalimentaires utilisatrices de fruits et légumes s'approvisionnent majoritairement à l'étranger. En cause : le manque de compétitivité des produits locaux et l'inadéquation de l'offre, insuffisante en surgelés et aseptiques du fait du manque d'outils de première transformation adaptés. Pourtant les intérêts de l'amont et de l'aval convergent dans une région où seulement 13 % des tonnages pour les fruits et 11 % pour les légumes sont destinés à la transformation. Tel est le constat ressorti des rendez-vous Terralia, organisés le 10 décembre à Avignon. L'industrie demande de plus en plus de produits locaux tandis que la volatilité du marché du frais incite les producteurs à se tourner vers des débouchés contractualisés. Des OP ou coopératives ont déjà engagé des partenariats industriels, mais l'offre reste insuffisante pour des besoins de la transformation évalués à 3 500 tonnes (t) de légumes ratatouille, 20500 t de légumes d'hiver et au moins 7 400 t de fruits d'été, selon l'étude réalisée entre décembre 2011 et juillet 2012 par le cabinet Gressard et la société Triesse à la demande de Terralia.
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur rassemble 8,2 % des entreprises de l'agroalimentaire, au deuxième rang du palmarès national derrière Rhône-Alpes. À eux seuls, les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse comptent près de 72 % des établissements (à dominante fruits et légumes dans le Vaucluse) et 84 % des effectifs de la région. Concernant l'emploi, le secteur de la transformation et de la conservation des fruits et légumes représente 8,3 % de l'emploi salarié national. Selon une étude Agreste, « le secteur de la transformation et de la conservation des fruits et légumes a créé près de 300 emplois entre 2008 et 2011 ». Cette création d'emplois est encore plus marquée si l'on considère que plusieurs gros établissements sont désormais classés dans la nouvelle rubrique « plats préparés ».
« Mais la situation évolue favorablement, a indiqué Claire Mer-met, chargée de mission à Terra-lia. Une véritable dynamique amont-aval se met en place avec un fort développement des outils existants, la construction de nouveaux projets ou leur aboutissement. » C'est le cas de Provence Tomate (Tarascon) qui veut relancer la production de la tomate pelée cubetée. « Au sein de notre entreprise, les besoins sont évalués à 5 000 t et à 12 000 t pour l'ensemble du marché intérieur français », a souligné Yanik Mezzadri, directeur commercial de la société. L'industriel se dit prêt à se lancer dans une nouvelle ligne de fabrication et assure que ses clients se sont engagés à contractualiser leurs besoins en termes de volumes, de planning et de prix. « C'est un préalable indispensable car il ne suffit pas de contractualiser avec l'amont. Il faut des engagements fermes à tous les niveaux », commente-t-il. La décision finale sera prise fin février pour un démarrage de la production cet été.
Une filière poivronPour sa part, Raphaël Rouvière, président-directeur général de Gielly SA (Avignon), a expliqué vouloir lancer une filière poivron en Provence. « Le marché du poivron pour l'industrie est trusté par l'Espagne, qui a des avantages », a-t-il souligné. Les industriels espagnols de première transformation peuvent s'appuyer sur le deuxième choix, un segment non exploité en France. Mais la relocalisation d'une telle filière passera par un protocole de sécurisation de l'approvisionnement et des débouchés. « C'est indispensable pour la valorisation du poivron origine Provence qu'à l'heure actuelle nous ne savons pas produire en quantité suffisante pour les IAA », estime Raphaël Rouvière.