L’industrie de la viande a du cœur
Olivier Roux en convient. L’entreprise Alazard & Roux, spécialisée dans l’abattage, la charcuterie et les plats cuisinés, connait actuellement une baisse d’activité.
« - 15% depuis plusieurs mois, explique le directeur général de l’entreprise. C’est une situation très pénible. Si j’avais des actionnaires, ils m’auraient contraint à licencier une dizaine de personnes. Mais nous sommes une entreprise familiale et vis-à-vis du personnel, je me suis senti dans l’obligation de trouver des solutions alternatives. »
La solution a été de faire travailler le personnel sur un projet social : « Chaque année, nous offrons de la viande à la banque alimentaire de Vaucluse. Jusqu’alors, nous apportions de la viande brute, ce qui posait des problèmes aux bénévoles pour la travailler. Cette année, j’ai donc décidé de proposer des plats cuisinés operculés. D’une part, nous avons préservé des emplois et d’autre part, la viande qui était en stock a été utilisée et la donner m’a paru une meilleure solution que de la mettre sur le marché du surgelé où cette viande est dépréciée. » Pendant une semaine, tout le personnel d’Alazard & Roux s’est mobilisé dans les ateliers de Tarascon pour préparer 1 000 unités de viande d’agneau ou de bœuf transformés en saucisses et boulettes cuites au four et agrémentées de sauce bolognaise à base de viande de taureau. Au total, les 729 kilos de viande auront permis la confection de 4 000 portions, réparties par la banque alimentaire entre les 65 associations caritatives de Vaucluse. « Nous les répartirons avec la plus grande équité possible, a indiqué Gabriel Ormières, président de la banque alimentaire 84, car la viande est un aliment difficile à obtenir et nos besoins sont de 140 tonnes par mois. »
Quelques problèmes de référencement
Fallait-il garder la discrétion sur cette initiative ? « Pourquoi ne pas évoquer nos problèmes de référencement en GMS ou de pertes de parts de marchés en RHD ? C’est un choix politique pour démontrer que les PME ont du cœur et je l’espère, donner des idées à d’autres entreprises. En ces temps de crise, les gens ont tendance à faire du nombrilisme et à oublier qu’il y a plus malheureux. » Mais déjà Alazard & Roux travaille sur « l’après ». De nouveaux produits vont être commercialisés, comme une paella et un pot au feu de taureau, des croquettes de pot au feu à la provençale et une nouvelle gamme estivale de saucisses. L’entreprise se déploie aussi sur le terrain : « Nous avons mis en place une série de journées d’animations en GMS. Il s’agit pour nous d’attirer de nouveaux clients, mais également de démontrer aux chefs de rayon qui pensent qu’en temps de crise, les gens vont mal manger et proposent du bas de gamme, qu’il y a encore un segment pour des produits spécifiques. » Enfin, en direction de la restauration hors domicile, Alazard & Roux a invité, le 9 mars dernier, 22 chefs de cuisine à la découverte d’un élevage d’Angus bio de Camargue.